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Avec Clint Eastwood, Gene Hackman, Morgan Freeman, Richard Harris
Warner Home Vidéo
Quant aux Oscars 1993, Clint Eastwood en remporta quatre avec « Impitoyable », il était clair que la profession couronnait l’énorme talent du dernier grand acteur-réalisateur-producteur hollywoodien toujours en activité depuis ses débuts de premier rôle cinéma 28 ans auparavant, et de réalisateur 22 ans auparavant. Au box-office, pas de problème, malgré quelques flops, il y avait toujours à un moment donné un succès (ne serait-ce qu’avec une suite à « Dirty Harry »). Comme il le dit souvent dans ses interviews, Eastwood a souvent agi au feeling, et quand il s’est repenché sur le western, beaucoup lui ont dit que ce n’était plus à la mode, que c’était du suicide. Et « Impitoyable » fut. Dernièrement, on lui lança les mêmes commentaires sur la boxe. Il rétorqua que ce projet parlait aussi d’un père et de sa « fille », et « Million dollar baby » fut. Ce gars-là est devenu une légende, le dernier de sa race, et la reconnaissance, il l’obtint déjà à l’étranger, chez nous, avec la sélection à Cannes de « Pale rider ». Ses pairs attendirent donc 1993 pour l’honorer. Aujourd’hui, la sortie en haute-définition de « Impitoyable » permet de (re)découvrir un chef-d’œuvre, dans des conditions optimales. Car jamais le film n’a été aussi beau sur un écran de télévision.
William Munny a été un hors-la-loi dont la réputation est liée à son extrême violence. Aujourd’hui, il vit tranquillement dans sa ferme avec ses enfants. Pouratnt, un jour, le passé revient pour une dernière prime en compagnie de son ami Ned (Morgan Freeman). Des prostituées d’une bourgade veulent se venger d’un cow-boy qui a défiguré l’une d’elles. En s’y rendant, les deux hommes vont repenser à leur passé de violences, avant d’être confronté de nouveau aux armes et au sang quand ils rencontreront le shérif, Little Big Daggett (Gene Hackman), un homme aussi brutal que violent, celui par qui tout recommencera pour la dernière fois, écrivant définitivement la légende de William Munny.
En réalisant ce magnifique western crépusculaire, Eastwood a signé aussi une des fortes œuvres sur la violence et ses conséquences. Loin des gunfights habituels propres aux westerns et même aux polars d’action pour lesquels la violence est un défouloir jouissif des plus amusants, ici, on est plus proche de ce jeune pistolero qui n’a jamais tué : le premier à recevoir une balle souffre, hurle, et de plein fouet, la violence devient ce qu’elle est réellement. Maintenant, « Impitoyable » est aussi un retour pour l’acteur à son genre de prédilection, ici magnifié par un superbe scénario qu’il a laissé mûrir pendant dix ans (comme il le rappelle dans ses interviews des bonus). Au fur et à mesure que l’on se dirige vers l’inéluctable, peu à peu, les ténèbres fondent sur les personnages pour un final dantesque et crépusculaire où la violence se déchaînera de la façon la plus sauvage et meurtrière, plongeant la bourgade du shérif Daggett dans la peur et l’horreur. De tous ces éléments, Eastwood s’est emparé et les a « simplement » (car c’est souvent l’impression qu’on ressent quand on entend parler de ses tournages ou qu’on les voit dans les making-of) mis en image, en scène, pour un résultat plus qu’impressionnant : « Impitoyable » est le dernier des westerns comme il le dit mais pas dans le cinéma, dans son histoire : c’est le plus crépusculaire jamais fait, c’est la fin d’un temps. Et justement, l’édition HD-DVD (qui doit être du même niveau pour le Blu-Ray) rend plus que justice à un somptueux travail sur la photo du film, surtout dans sa dernière partie, la plus sombre et nocturne, absolument éblouissant. Si toute la première partie permet d’apprécier le moindre détail (on pourrait compter les poils de la barbe d’Eastwood !!!), d’apprécier le cinémascope des paysages, c’est encore cette dernière partie qui définitivement fait de cette édition la plus belle jamais vue pour ce film. Maintenant, niveau bonus, ce sont les mêmes que pour l’édition Collector sortie pour les dix ans du film. C’est très complet, et on mettra surtout en avant le petit documentaire « Eastwood... une légende » où l’acteur se livre un peu plus sur ses choix. On passe aux deux consacrés au film propre : le premier est lié aux dix ans du film avec des interviews revenant sur son succès, son message ; le second, qui est un making-of, permet de voir Eastwood réaliser, et de nouveau, on découvre un professionnel au travail, qui semble gérer toute cette entreprise avec calme et détente, c’est marrant. Comme il le dit dans un des bonus de « Mémoires de nos pères » : « Quand vous savez ce que vous voulez, que vous l’expliquez bien à tout le monde, on ne perd pas de temps en question, et tout fonctionne vite et bien ! ». De nouveau, il confirmera avoir beaucoup appris avec Sergio Leone (et on précise « un cinéaste italien », ça ce doit être pour les américains !!!) & Don Siegel (dans « Eastwood... une légende »), même si il fait plus de plans que lui, auxquels le film est dédié. Et on terminera par « Eastwood par Eastwood », un documentaire d’une heure, narré par John Cusack qu’Eastwood venait de diriger dans « Minuit dans le jardin du Bien et du Mal », où là encore on en apprend un peu et pas trop. Mais l’acteur parle, revient sur des choix, des idées, et lui qui n’est guère expansif, voir ça est toujours plaisant pour qui s’intéresse à la carrière de ce géant du 7ème Art. Dernièrement, Arte avait proposé un excellent reportage tourné là-bas, chez lui à Carmel (la Californie du Nord, magnifique... Si, si, je confirme !) qui est à ce jour, le plus « riche » jamais fait. Bon, en même temps, si on regroupe tout, on connaitra enfin une très bonne partie de la légende Eastwood. On finti ces bonus avec un épisode de la vieille série (pas terrible du tout en plus) « Maverick » avec James Garner (avant Mel Gibson) face au jeune Eastwood. C’était avant « Rawhide », mais cette petite prestation dut bien lui servir. Voilà, dans l’ensemble, c’est assez riche, même si une partie du mystère Eastwood demeure. Encore une fois, en compilant tous les documentaires faits sur lui, ce mystère s’estompe et l’homme, l’acteur, le réalisateur se découvrent. Pour l’instant, il faut juste savoir que ce chef-d’œuvre a enfin le fourreau qu’il mérite via une magnifique édition HD-DVD, celle qu’il fallait pour ce western crépusculaire.
Note film : 10/10 (copie magnifique, image 1080p Haute Définition 16x9 2.40 : 1)
DVD : 10/10 - Bonus : 4 documentaires : 1/ retour sur le film pour ses 10 ans - 2/ Making-of - 3/ Eastwood, une légende - 4/ Eastwood par Eastwood - Episode de « Maverick » avec Clint Eastwood - commentaire audio de Richard Schickel (son biographe, non sous-titré) - bande-annonce.
St. THIELLEMENT
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