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Avec Sammo Hung, Michael Biehn, Maggie Q., Huh Joon Ho, Simon Yam
CTV Vidéo
Un choc comme on n’en n’avait pas eu depuis longtemps en provenance du cinéma de Hong-Kong. Un polar assez colossal, au vu des moyens mis en œuvre, avec un vrai scénario et pas juste une idée sur lequel va être collée de l’esbrouffe visuelle, des acteurs de générations et de culture diverses, bref des éléments qui de prime abord n’enthousiasment pas plus que ça au vu des dernières productions édulcorées et clonées du genre en provenance de l’ex-colonie britannique si ce n’était un nom. Pas n’importe quel nom pour le poste de réalisateur et scénariste, puisqu’il s’agit de Daniel Lee, qui s’était fait remarqué avec un « wuxiapan » (film de sabre) novateur puisque très moderne, le stylisé et passionnant « What price survival », bêtement baptisé chez nous pour sa seule sortie vidéo « Frères d’armes ». Hé bien, il ne fait pas souvent de films, Daniel, mais quand il remet le couvert, ça fait bougrement plaisir.
Un dangereux caïd, Panther (!) Duen vient d’être arrêté grâce aux efforts communs de cinq jeunes policiers venant de diverses sections internationales d’Interpol. Au moment du procès, un commando massacre les policiers du cortège et emmène Panther. Ce ne sont pas ses hommes, mais des mercenaires dirigés par un ex-colonel qui veulent récupérer un magot détourné par le frère de Panther, Tiger (!!!), bien plus puissant. Entre les gangsters, les kidnappeurs, la police et Interpol, une véritable guerre va s’engager dont les champs de bataille seront concentrés sur à Hong-Kong.
Et dans les mercenaires, qui trouve t’on ? Michael Biehn, le marine de « Aliens », le Reese de « Terminator » (auquel est fait un clin d’œil nominatif à un moment donné). Et première agréable surprise, ce n’est pas juste une guest-star, mais bel et bien un des premiers rôles de ce polar aux allures apocalyptiques dans ses nombreux gunfights. L’acteur y livre une excellente prestation, au même titre que Sammo Hung en ex-commissaire rétrogradé suite à une faute professionnelle, et que Huh Joon Ho en ex-militaire chef des mercenaires, une tronche et une présence incroyables pour ce dernier, au même titre que Biehn. Ca, ce sont les trois personnages les plus importants. La jeune relève d’Interpol n’est pas en reste, tout comme le reste des mercenaires dont Maggie Q. en tireuse d’élite. Et chaque personnage de « Dragon squad » possède un vrai passé, une réelle psychologie qui enrichit le film, conjugué à un scénario ambitieux, et servi par des moyens importants pour mettre en place tout ce qui est écrit. Visuellement, on pourrait d’abord penser à un premier film d’un esthète du vidéo-clip, sauf que Daniel Lee est proche de la cinquantaine, et qu’il ne spolie pas l’histoire au profit d’images léchées, sophistiquées et des plus esthétiques. C’est simple, par moments, surtout lors de gunfights, on songe à « Heat » de Michael Mann par l’ampleur de la logistique et de la mise en scène des plans ! De tous ces éléments, narratifs, acteurs, images, plans, tactique, etc..., Daniel Lee s’en sort haut la main et, dernière énorme surprise, ne livre pas un petit polar stylisé urbain, mais bel et bien une grande fresque policière « hard-boiled » d’une durée de, accrochez-vous, deux heures et trente minutes ! Et on ne décroche à aucun moment, chaque rebondissement entrainant une action où le Bien et le Mal s’affronte individuellement en symbolisant les deux clans. Comme Lee le dit dans le making-of (on va y revenir à celui-là, tiens !), il y a de la chevalerie dans ce film, mais des temps modernes, en plus de trahisons et autres règlements de comptes sauvages. Du vrai grand spectacle comme on n’en avait pas eu depuis un sacré bon bout de temps, preuve qu’il est que ce cinéma si spécifique de Hong-Kong n’est pas mort. On aurait aimé en savoir plus, connaitre les avis de Michael Biehn (aller tourner en Asie ne débouche pas toujours sur un tel résultat !), les points forts de Daniel Lee, hé bien ce n’est pas le making-of assez nase qui en révèlera plus. Des passages complets du film avec des accroches publicitaires, des propos d’une platitude remarquable (style « Avec de telles images, le film ne pouvait être que bon ! » ou « Etre blessé dans un tel film est un gage de qualité », etc...), l’énumération des moyens énormes mis à disposition pour le film, et quelques remarques enfin dignes d’intérêt de Daniel Lee mais sur des scènes précises, et non sur l’ensemble du film. Qu’importe, le plaisir on l’a eu avant, et bon sang, avec quelle force ! Ne tergiversons pas plus, « Dragon squad » est un des meilleurs films de cette année, un choc qui vous laisse sur le carreau et pour conclure, une œuvre à ranger aux côtés d’autres polars hard-boiled hong-kongais de la grande époque tels que « A toute épreuve » de John Woo, « « Full alert » de Ringo Lam par exemple, des références du genre qui donnent le ton.
Note film : 9/10 (copie excellente, format d’origine 2.35, image 16/9ème compatible 4/3)
DVD : 3/10 - Bonus : making-of (30 mn environ) - bande-annonce.
Stéphane THIELLEMENT
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