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Sommaire - Interviews -  Laurent Botti (à propos de son roman "Un Jour des choses terribles...")


"Laurent Botti (à propos de son roman "Un Jour des choses terribles...")" de XO éditions


Votre nouveau roman, Un jour, des choses terribles..., se déroule dans une petite ville de province, Laville-Saint-Jour...

Laurent Botti : Une des constantes dans mes romans est la création d’un univers qui m’est propre. Une ville de cinéma dans mon dernier roman, Fatale Lumière, une secte dans le précédent, La Nuit du Verseau... Pour moi, Laville-Saint-Jour est un personnage à part entière. D’un certain côté, c’est une ville de province classique, tranquille, avec ses notables et ses histoires, mais lorsque la brume l’envahit, elle devient très particulière. En somme, elle est comme un sérial killer, elle en a les mêmes caractéristiques : une histoire, un passé, un goût du sang... Et, comme un sérial killer, elle continue son œuvre macabre tant que personne ne l’arrête.

Quelle part le surnaturel occupe-t-il dans votre imagination ?

Laurent Botti : Ces deux romans particulièrement, Pleine brume et Un jour, des choses terribles..., flirtent avec le surnaturel à cause de leur cadre même. Un élément directement lié à mon histoire personnelle est important dans mon inspiration. Enfant, j’ai été élevé entre le Maroc et la Bourgogne. Le Maroc, c’était pour moi le soleil, l’éblouissante lumière de la méditerranée, alors que le retour en Bourgogne était associé à la noirceur et au froid. Lorsqu’on se promène dans une ville comme Dijon, par exemple, on est frappé de voir que l’étrange peut surgir à tous les coins de rues. Les vestiges gothiques, les gargouilles, les petites rues pavées en pleine nuit sont propices au déchaînement de l’imagination. Une gargouille émergeant de la brume prend une dimension effrayante... En cela, je pense que j’ai retrouvé chez Stephen King des références qui m’étaient déjà familières. On trouve par exemple chez lui cette image de la ville maudite comme l’est Laville-Saint-Jour.
Dans le roman, le surnaturel est toujours présent à travers les yeux des enfants. Bastien, le jeune garçon nouvellement arrivé à Laville-Saint-Jour, voit des choses étranges, tout comme les enfants de la Chowder Society - une sorte de club monté par des enfants de la ville. Les adultes, quand ils assistent à ces phénomènes, cherchent toujours des interprétations rationnelles. Ce n’est pas, comme dans certains romans de Stephen King, un surnaturel qui s’impose à tous, mais davantage des phénomènes diffus, qui construisent une atmosphère, distillent l’inquiétude, voire la peur et la terreur...

Vous placez toujours vos personnages dans des décors particuliers et dans des circonstances difficiles...

Laurent Botti : C’est directement lié à mon inspiration et à ma façon de travailler. Pour me lancer dans une histoire, j’ai besoin de m’appuyer sur un événement dramatique : mort violente, mystère... C’est un véritable moteur pour moi. Même pour me lancer dans un récit personnel, je ne peux pas m’en passer. La seule solution pour me lancer dans un récit autobiographique, ça serait de commencer par tuer ma tante... Même dans l’auto fiction, je reviendrais dans du thriller !
J’aime les personnages qui ont un passé lourd. Ils ne m’intéressent que s’ils ont une histoire personnelle un peu chargée, un passif qui va soit les ralentir, soit dont ils vont pouvoir se débarrasser. D’une façon ou d’une autre, ce sont des gens avec une histoire compliquée, qui trouveront leur vérité au cours du roman.

Les enfants eux-mêmes sont loin d’être innocents. Ils ont un passé déjà chargé malgré leur jeune âge...

Laurent Botti : Aucun personnage n’est innocent dans ce roman, même ceux qui sont des héros lumineux par rapport à des héros plus sombres - à l’exception peut-être de Bastien, qui est le plus pur, la victime par excellence : il est le jouet du destin depuis le début et n’a pas de prise sur les événements, sinon de suivre cette route qui a été tracée pour lui, pour arriver à une vérité que l’on découvre dans les dernières pages du roman.
On me demande souvent s’il est difficile de se placer dans la peau d’un enfant, mais je ne le trouve pas. Pour rendre mes personnages vivants, je me projette complètement. Que ce soient des monstres ou des enfants, des hommes ou des femmes, je travaille avec mon imagination et mon empathie. Pour moi, la force d’un roman tient notamment dans la véracité de ses personnages. Chacun d’entre eux, dans Un jour, des choses terribles..., a son existence, son passé, ses rêves. Bastien, bien sûr, mais aussi Bertégui, le flic qui tente de se débattre dans cette affaire qui le dépasse, ou Audrey, impliquée malgré elle et qui veut à tout prix sauver son fils.

On trouve dans Un jour, des choses terribles... un personnage de romancier. Il a quitté la ville depuis des années et s’inspire de sa vie dans ses romans.

Laurent Botti : Je savais que j’avais peut-être moi-même quelques petites choses à régler avec le passé, mais je ne pensais pas que le personnage de l’écrivain pouvait me ressembler autant. De même, je ne pensais pas que le titre de mon roman serait le titre de son roman... Là encore, ça m’échappe parce que c’est en cours d’écriture que les choses se dessinent.
J’ai une scène de crime et une idée pour commencer, et je me lance. C’est terriblement angoissant, mais il n’y a que comme ça que j’y arrive, que je produis quelque chose de qualité, en tout cas qui me plaise. Si je prédétermine ce que sera le roman, que j’essaie de faire un plan, je n’y arrive pas. Lors d’un cambriolage, j’ai perdu 180 ou 200 pages de texte, si je pouvais travailler avec un plan, j’aurai pu les réécrire, mais cela m’a été impossible. Ça a influencé le cours du roman, car je ne les ai pas réécrites de la même façon...




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