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Réal. & scén. : Judd Apatow
Avec : Seth Rogen, Katherine Heigl, Paul Rudd, Leslie Mann.
Distribué par Paramount Pictures France.
130 mn.
Sortie le 10 Octobre 2007.
Note : 9/10.
Au vu de certaines des dernières comédies venant d’outre-Atlantique, on pensait que le genre comique volait très bas aux States, uniquement pour le peuple américain. Dernière purge en date, le pathétique et navrant et nul « Quand Larry rencontre Chuck » (je connais quelqu’un qui a bien aimé, malgré tout... Chapeau !). Or, voici qu’arrive aujourd’hui la seconde comédie de Judd Apatow, et déjà, on se sent plus intéressé. Car son premier film n’était autre que « 40 ans toujours puceau », un titre qui fait fuir pour une comédie mille fois plus intelligente que la moyenne venant de chez l’Oncle Sam (donc un million de fois plus drôle que le meilleur Adam Sandler...) où un quadragénaire incarné par le caustique Steve Carell découvrait enfin jusqu’au bout les joies du crac-boum-hue conjuguées à l’amour véritable. Judd Apatow remet donc le couvert avec cette nouvelle comédie, encore meilleure, plus fine, plus touchante, bref une petite merveille.
Ben Stone est un nerd parfait, glandant toute la sainte journée avec ses quatre copains pas plus vifs que lui pour créer un site internet recensant les meilleures scènes de nu de leurs actrices préférées. Un soir, ils se rendent en boîte en même temps que la jeune et jolie (très jolie) Alison Scott qui, accompagnée de sa sœur, vient fêter sa promotion au sein de la chaîne de télévision l’employant : elle va passer reporter-intervieweuse de stars. Une petite étincelle passe entre Ben et Alison et au terme de la soirée, la nuit se termine chez la jeune femme pour une simple partie de jeux sexuels débridés. Le lendemain matin, Alison reprend ses esprits et éjecte poliment et fermement le pauvre Ben, trop content d’avoir pu être l’amant d’une si jolie femme, lui qui se reconnaît être assez banal, rondouillard et n’ayant rien d’un sex-symbol. Huit semaines plus tard, Alison réalise qu’elle est enceinte, elle rappelle Ben, le revoit, parle de l’avenir, décide finalement de garder l’enfant en même temps qu’elle redécouvre l’homme avec qui elle a couché, peut-être l’homme de sa vie même. Mais pour concrétiser ça, Ben doit grandir et accepter de futures responsabilités d’adulte et non de nerd post-adolescent.
Cela aurait pu être très lourdingue (j’ai failli dire un autre mot, mais c’était trop grossier, si, si !), mais il n’en est rien. Au fur et à mesure que l’histoire se dévoile, se construit, l’humour jongle avec le réalisme, nous rappelant des souvenirs, des images, des peurs, les mêmes partagées par Ben et Alison. Et c’est là qu’est le génie de Judd Apatow, faire d’une simple et à priori lourdingue comédie bien grasse ciblant en dessous de la ceinture tout en jouant une carte de mièvrerie saupoudrée de guimauve de conte de fées moderne et ringard, une petite perle d’humour sur un morceau de notre vie, avec tout ce que cela comporte d’interrogations et de joies et de craintes et d’obsessions (sexuelles et autres). En fait, si on devait rapprocher Apatow d’un cinéaste du même accabit, ce serait de John Hughes, mais le John Hughes de « Breakfast club » et plus près de « En cloque mode d’emploi », le John Hughes de « She’s having a baby », de « un ticket pour deux », de « Oncle Buck », ce John Hughes là qui savait observer ses pairs dans leur intimité pour les restituer dans des comédies modernes et subtilement intelligente, même avec des personnages hauts en couleur. Judd apatow prend dignement la relève et réveille enfin la comédie US avec panache, pour un résultat simplement brillantissime. Car on ne peut qu’adorer « En cloque mode d’emploi », il suffit de voir comment on est à la fin du générique : heureux, avec un petit sourire niais sur les lèvres, l’esprit vagabondant encore dans les souvenirs...
St. THIELLEMENT
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