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Scénario : Leigh Whannell d’après une histoire de James Wan & Leigh Whannell
Avec : Ryan Kwanten, Donnie Wahlberg, Bob Gunton, Amber Valletta.
Distribué par Paramount Pictures France.
90 mn.
Sortie le 21 Novembre 2007.
Note : 8/10.
On l’attendait celui-là. Car il s’agit ni plus, ni moins que du second film de James Wan, ce jeune cinéaste australien qui, avec son pote Leigh Whannell, a créé il y a quatre ans « Saw ». Alors, on peut dire ce qu’on veut des séquelles, quasiment toutes médiocres voire pire, mais « Saw », le premier, l’unique, malgré d’évidents défauts qui deviennent de plus en plus visibles après chaque vision, demeure quand même un des grands chocs de l’horreur de ces dernières années. Et là où Wan aurait pu se cantonner à ce registre, il surprend en s’engageant sur d’autres voies, certes parallèles mais différentes. Et preuve en est ce « Dead silence », excellente petite surprise d’épouvante gothique magnifiquement filmée, confirmant tout le talent de Wan, bien plus doué dans son domaine que Leigh Whannell dans le sien, car ce qui pèche dans « Dead silence » vient surtout de son écriture. Bon, maintenant, peut-être que ce vous allez lire va vous donner envie d’y jeter un coup d’œil et là, la déconvenue est de taille : une vingtaine de salles en France le projettent, dont deux à Paris (les Montparnos et l’UGC Orient-Express des Halles, c’est là que je l’ai vu, une salle quasi complète !). Ce qui signifie qu’une simple sortie technique est administrée à « Dead silence ». Et pourtant, il vaut mille fois plus que le sinistre « Saw 4 » qui se joue quasiment partout. Déjà, une chose de certaine : vous aurez bien plus peur à « Dead silence », oh oui...
Jamie revient dans sa ville natale de Raven’s Fair suite à l’horrible mort de sa jeune femme quelques heures auparavant. Pour lui, et suite à la réception d’un pantin juste avant le meurtre, tout est lié à cette ville et à ses habitants. Il découvre alors une bourgade qui se meurt progressivement, et où seuls quelques locaux s’accrochent à l’aube de la fin de leur vie. Comme le père de Jamie qui finit par lui raconter la malédiction qui s’est abattue sur cette ville : cinquante ans auparavant, une ventriloque, Mary Shaw, avait été lynchée suite à la disparition d’un enfant qui lui avait été imputée. On l’avait enterrée avec ses 101 pantins. Mais aujourd’hui, la vengeance de Mary semble toucher à sa fin, comme va le découvrir Jamie, une fin inéluctable et des plus abominables.
Scénaristiquement, c’est très classique. On regrettera surtout d’ailleurs que certains personnages n’aient pas eu une attention plus soutenue, faisant alors de leur destin une malédiction certes horrible pour les autres mais aussi et surtout pathétique pour eux-mêmes. Rien qu’avec ça, « Dead silence » gagnait quelques galons de plus. Mais dans l’état actuel des choses, « Dead silence » constitue une étape de plus dans la construction de la carrière de James Wan, qui se révèle réellement être plus que doué. C’est à lui qu’on doit des plans d’enfer, l’ambiance gothique, l’impression de voyager en plein cauchemar (les tableaux qui vivent, les poupées qui parlent, etc.) et certaines idées stylistiques du plus bel effet quant à leur impact sur l’histoire. Il y a un tout petit peu d’humour noir (on voit même dans la grenier du père de Jamie, posée contre un poteau, le pantin de « Saw »). C’est de l’épouvante très « old school » comme certains classiques de la Hammer ou les classiques du genre signés Mario Bava. Wan laisse tomber l’esbroufe gore au profit d’un climax magnifique, générant quelques bonnes vieilles trouilles qui fonctionnent encore. Tout cela aidé par une photo magnifique et une musique superbe de Charlie Clouser, celui de celles de « Saw » justement. Lez tout s’achevant sur un twist final abracadabrant, qui en fera jubiler certains autant que d’autres détesteront. Sur cette dernière partie, Wan se lâche et nous refait le coup de « Saw », un maelström de flashs-back pour aboutir à l’impensable vérité. Qui demeure totalement dans le Fantastique, là où on pouvait craindre une machination policière du plus mauvais effet. Il n’en est donc rien, « Dead silence » est bel et bien un vrai film fantastique bien terrifiant, qui prouve que James Wan aime d’abord et avant tout le cinéma, au point d’œuvrer ailleurs que dans l’horreur pure. Et après « Dead silence », début 2008, il y aura « Death sentence », un « Justicier dans la ville » actuel, dont le roman de base est du même auteur que celui qui servit au film avec Bronson en vigilante impitoyable. Une chose est sûre, en trois longs-métrages, Wan a prouvé qu’il n’était pas l’homme d’un seul film ou de ses séquelles, mais un vrai cinéaste de genre et qu’il n’a pas fini de nous étonner. En attendant, confirmez-le vous en ne ratant pas ce « Dead silence » que tout fan du genre ne pourra qu’aimer.
St. THIELLEMENT
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