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Sommaire - Interviews -  G.-J. Arnaud


"G.-J. Arnaud" de Par Serge Perraud


SP - Pourriez-vous, en quelques mots, résumer La Compagnie des Glaces ?

GJA - C’est un monde qui vit un hiver nucléaire. La lune, transformée en poubelle, a explosé. Un homme découvre un musée du train. À partir de là, on recouvre la planète de réseaux ferrés, avec un fonctionnement dictatorial. Hors du train, pas de vie, martèlent les Compagnies ferro-viaires !

SP - Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir écrire ce cycle ?

GJA - Je voulais illustrer l’impérialisme de certaines technologies, aborder la façon dont ces techniques envahissent notre vie, nous obligent à passer par leurs « caprices ». Comment, au-jourd’hui, pensez-vous pouvoir vous passer de l’électricité, de l’automobile ? Ces techniques ont su si bien s’imposer, qu’elles nous sont indispensables. C’est en fonction d’elles que nous devons adapter notre mode de vie.

SP - Pourquoi avoir choisi le train ?

GJA - J’avais envie de parler de plusieurs sujets, en particulier des transports. J’ai choisi de commencer par le chemin de fer, car j’ai une passion pour ce mode de locomotion. C’est un sujet que je connais bien. Je me disais, qu’au fond, une compagnie ferroviaire pouvait prendre le pouvoir comme l’ont fait, par exemple, les routiers au Chili, contre Allende.

SP - Soixante trois volumes pour La Compagnie des Glaces, onze pour Les Chroniques Glaciaires, quinze romans dans La Nouvelle Époque : pensiez-vous déboucher sur un tel cycle ?

GJA - Non ! Lorsque j’ai commencé à écrire le premier roman, en 1978, je pensais à une série de quatre à cinq livres, puis passer à une autre technique comme l’électricité d’origine nu-cléaire. Mais au fur et à mesure que j’avançais dans les premiers tomes, les développements possibles affluaient. Je me suis dis : « Tu peux aller jusqu’à dix ». Puis j’ai eu la matière pour vingt... cinquante...

SP - Votre univers glaciaire est adapté en BD. Que pensez-vous de cette réalisation colos-sale ?

GJA - J’en suis très heureux. Il est toujours agréable, pour un auteur, de constater que son œuvre intéresse d’autres créateurs pour la transposer selon d’autres modes : films de cinéma ou de télévision, BD... Toutefois, j’ai déjà vécu cette expérience avec mes romans d’espionnage. Les Éditions Artima, dans les années 80, avaient crée une collection de BD, des adaptations des romans de la collection Espionnage du Fleuve Noir. C’est ainsi qu’une dizaine des aventu-res de mon héros, Le Commandeur, ont fait l’objet d’une publication. C’étaient des fascicules en noir et blanc, avec, en général, une couverture couleur assez aguichante.

SP - Êtes-vous un lecteur de BD ?

GJA - À l’époque où les enfants étaient à la maison, nous lisions beaucoup de BD. Ceux-ci suivaient régulièrement ce qui paraissait dans les années 70-80. Pour ma part, j’achetais Char-lie, L’Écho... Je lisais ainsi tous les albums qui me passaient par les mains. J’apprécie le concept de la BD, cette façon de conjuguer textes et images, de faire en sorte que l’un et l’autre soient liés et se complètent. Moi, je ne travaille pas spécialement par image. Je préfère utiliser les situations, les idées et me fondre dans mes personnages, vivre leurs aventures.

SP - Avez-vous gardé le souvenir d’un héros particulier de BD ?

GJA - Oh, bien sûr ! J’ai un attachement pour Corto Maltese. J’apprécie le cadre de ses aventu-res, son caractère et sa philosophie. D’ailleurs, pour le Fleuve Noir qui, dans les années 90 avait crée une collection baptisée Aventures et Mystères, j’ai animé le personnage d’Ugo Car-done, quelque peu inspiré de Corto Maltese. Il était capitaine d’un vaisseau rouillé et il vivait des aventures s’inspirant de mythes et de légendes comme le Juif errant, le cimetière des ba-teaux disparus...

SP - Comment jugez-vous l’adaptation de Philippe Bonifay et du Studio Jotim ?

GJA - Ils font du bon travail. J’ai été invité, à l’automne 2002, au festival BD d’Audincourt, en Franche-Comté où avait lieu, en avant première, la présentation officielle. Les organisateurs avaient installé de grands visuels. J’ai vu quelques planches et cela m’a bien plu. J’avais donné quelques indications : comment je voyais mes personnages, les décors, ce monde gris où les couleurs ont quasiment disparu. J’ai engagé les dessinateurs à ne pas se restreindre, à ne pas craindre de donner de l’ampleur, d’avoir de l’imagination pour les trains, les stations, etc. C’est un univers si vaste qu’il permet la démesure.

SP - La publication du premier tome intitulé Lien Rag était programmé pour avril 2003. Elle a été reportée en septembre. En connaissez-vous les raisons ?

GJA - Je pense que les responsables de Dargaud, ont voulu donner un aspect plus « héroïque », plus « musclé » à Lien Rag, le personnage principal. Moi, dans mon histoire, c’est quelqu’un d’ordinaire, de banal, surtout au début. Il vit tranquillement sans se poser de questions. Il n’a rien d’un héros conquérant. Après, lorsqu’il prend conscience d’un certain nombre d’injustices dans la société ferroviaire, il prend une autre dimension, mais reste physiquement le même, il ne se transforme pas en super-héros.

SP - Que pensez-vous des méthodes de travail « inventées » par P. Bonifay ?

GJA - Bien que je ne connaisse mal le processus de création d’une BD c’est impressionnant ! Moi, vous savez, je ne fais que des romans et l’élaboration reste relativement immuable même si j’ai évolué de la machine à écrire mécanique à l’ordinateur. Aussi voir ce résultat final très abouti alors qu’on sait que ces dessinateurs font une partie d’une image, qu’ils se les échangent sur Internet, qu’ils recollent tout cela, c’est vrai que cela m’impressionne.




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