Alors que la Conquête du Nouveau Monde en est à ses débuts un jeune noble européen rêve d’y partir à l’aventure. Mais ses rêves l’emmènent régulièrement dans un monde cauchemardesque. Un personnage de l’antiquité (peut-être Virgile qui guida autrefois Dante aux enfers) lui sert de guide dans les profondeurs infernales, ainsi que dans les horreurs de l’Histoire que ce soit la chute de Troie, le martyr des premiers Chrétiens, le sac de Jérusalem par les Croisés, l’esclavage du commerce triangulaire et les camps de concentration nazis.
Cet album muet fait le parallèle avec la Divine Comédie écrite à la même époque par Dante Alighieri. Le soutien de l’Eglise à la conquête de l’Amérique a permis de légitimer massacre et appropriation. Tandis que les Indiens souffrent les colons manifestent leur foi, ainsi que l’orgueil, l’envie, la colère, la paresse, l’avarice, la gourmandise et la luxure (rappelons que la 6° fosse du 8° cercle des Enfers est la demeure des hypocrites).
Le jeune colon est un pur. Il est perturbé par la nudité des Indiens ce qui lui permet de faire le parallèle entre le paradis terrestre. Aussi venant au secours d’une indigène il s’empresse de la vêtir afin de s’éviter toute tentation ( le châtiment pour la luxure se situe dans le 2° cercle des Enfers).
Mais la tentation du mal est présente en chacun.
Nicolas Presl (1) avec un dessin atypique fait le lien entre la littérature du XIII° siècle et une invasion à l’échelle d’un continent : une démarche marquante par son originalité.