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Ghosts of Mars de John Carpenter
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Natasha Henstridge, Ice Cube, Jason Statham, Joanna Cassidy...
Le dix-septième film de John Carpenter fut un échec cuisant aux States. Il arriva peu de temps après le 11 septembre et comme le dit Big John, “les données ont changé depuis ce jour-là”. D’accord, mais on peut légitimement penser que ce n’est pas cela qui fut la principale raison de la carrière éclair du film. Ghosts of Mars, c’est un catalogue de tout ce qui fait le cinéma de John Carpenter. L’histoire dans ses grandes lignes ne révolutionne pas grand-chose, pourtant il y a le plaisir de prendre un pied monumental au nouveau film d’un des plus grands réalisateurs du genre. Parce qu’avec Ghosts of Mars, Carpenter réalise vraiment son film qui s’approche le plus du western, qu’il bouscule un peu les codes de traitement du film d’action actuel, et qu’il libère enfin l’action telle qu’il la conçoit.
En 2176, une escouade de flics reçoit l’ordre de transférer un dangereux criminel enfermé sur Mars. Mais ils vont découvrir bien pire sur place ; les colons ont réveillé une force ancestrale obscure qui “possède” les humains, les transformant en monstrueux guerriers assoiffés de sang et de vengeance. Pour s’en sortir, flics et hors la loi vont s’associer dans un combat dont ils ne peuvent deviner l’issue, leur ennemi étant le plus puissant habitant de la planète rouge.
Avec Ghosts of Mars, Big John applique donc la recette du western. Mais il y inclut un traitement de l’action différent des codes du genre. Si la dernière partie plonge dans le bruit et la fureur, il prend son temps pour présenter des personnages, renversant les stéréotypes, faisant de la femme le héros, la société de son futur étant en plus dominée par le sexe “faible”. L’homme fort est un pillard, un “coyote sans foi, ni loi” pour reprendre une image type “westernienne” !
Une fois toutes ces données en place, Big John libère son action, et réussit pleinement le mélange des ingrédients types du genre : du sang, de la passion, de l’amour et des batailles. Tout cela passa donc à côté du public, plus habitué à des codes si stéréotypés qu’il avale tout nouveau film comme un hamburger de plus, parfois bon, mais sans réelle saveur. Et comme d’habitude, il y a de grandes chances pour que Ghosts of Mars soit “redécouvert” dans quelque temps, comme beaucoup des films de Big John.
Maintenant, pour une fois, la France n’arrive pas en lanterne rouge. Cette édition DVD du film est proposée sous deux formes. Une très belle édition Prestige permet de revoir le film dans une copie techniquement parfaite. Un commentaire audio de Big John et de Natasha Henstridge, sous-titré français, constitue le gros des bonus de ce premier disque. Bon, on apprend surtout que Big John craque à un point sur Natasha que ça en devient trop drôle. C’est certain que celle qui fut une Mutante aux formes étourdissantes, n’a rien perdu de ses charmes. On passe maintenant au gros de cette édition : un second disque rempli de bonus incluant making-of, promotionnels ou non (comprenez par là ceux qui sont très “pris sur le vif”...
Vous verrez !), les scènes de maquillage, d’effets spéciaux, les dessins de pré-production, les différents projets d’affiche (elle ne fut pas évidente à trouver, à priori !), bref de quoi prolonger le plaisir offert par ce western futuriste. Le tout sous-titré bien sûr, et surtout bénéficiant d’une présentation personnelle, et uniquement pour la sortie française, de John Carpenter himself. Un petit plus qui fait son effet quand même. Mais là où ça devient carrément fou, c’est qu’il y aura aussi l’édition Collector monumentale : soit l’édition Prestige plus le disque de la bande originale et, enfin, on n’y croyait plus, John Carpenter par John Carpenter, ouvrage signé Gilles Boulenger à qui l’on doit aussi dans le même style Le Petit livre de William Friedkin et celui d’Oliver Stone. Annoncé à l’époque de Vampires, il arrive enfin aujourd’hui, quatrième bonus de taille de ce tout simplement somptueux coffret dédié à John Carpenter. Là, l’investissement est inévitable, car c’est une édition limitée et elle risque fort de partir en un temps record. Et puis, hé, ho, c’est John Carpenter quand même. Si avec tout ça, vous continuez de ne pas aimer Ghosts of Mars, hé bien... Tant pis ! |