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À Babylone, en 810 avant J.-C., Taliya, une jeune scribe, est nommée par la reine à la tête du Service de la Justice royale, bien que ce poste soit, par tradition, dévolu aux hommes.
Ninsibur, un haut dignitaire, riche, aimé de sa femme, est assassiné chez lui. Il ne s’est pas défendu, alors qu’il est un combattant aguerri. Bien vite, Taliya soupçonne une autre réalité. Mais son enquête semble déranger, au point que son second est sauvagement agressé. La jeune femme regrette amèrement de l’avoir laissé sans protection. Elle demande à la reine la permission de rentrer chez elle pour partager le repas traditionnel préludant l’offrande de la virginité de ses deux sœurs à la déesse Ishtar. Sur son chemin, elle retrouve un mendiant qui la suit depuis quelque temps. Pour lui échapper, elle coupe par une zone de chantiers, mais tombe dans un traquenard. Alors que la vie de Taliya est en grand danger, le mendiant intervient et lui sauve la mise. Celui-ci se révèle être Sardur, un ami d’enfance aujourd’hui dans la bande des Chaldéens, une bande redoutée. Il lui révèle qu’un contrat a été déposé sur sa tête, pour une somme importante. Mais Sardur sera d’une aide précieuse car, avec opiniâtreté, Taliya continue à chercher la vérité, une vérité bien au-delà de ce qu’elle pouvait imaginer...
Babylone la mythique est minutieusement reconstituée. Simon Dupuis donne, par des vues et des perspectives superbes une idée de ce que pouvait être la magnificence de cette ville. Alain Paris restitue les fondements de cette civilisation où humanisme et cruauté cohabitaient, où s’installaient les grands principes d’une vie communautaire, où s’élaboraient les règles d’une vie sédentaire qui profitèrent à d’autres sociétés.
L’intrigue prend en compte nombre des usages religieux comme, pour les filles, le don de la virginité, pour les femmes l’offrande de leur corps à la déesse. Cette prostitution déguisée, habillée de valeurs morales au bénéfice des servants d’Ishtar, n’avait pas fini de faire école !
Le scénariste mène son récit avec habileté, maintient un bon suspense et amène le lecteur vers une chute assez inattendue.
On peut s’interroger sur la véracité et la probabilité de certaines situations, comme l’accès de Taliya à une telle place à l’âge de vingt ans. Mais il faut se rappeler qu’à cette époque la vie était plus courte que dans notre Occident actuel.
Le dessin de Simon Dupuis est dynamique. Cela l’entraîne à faire des personnages aux traits très appuyés et à leur donner des proportions dignes des héros de comics.
« Le Masque de chair » clôt un diptyque qui vaut surtout par la reconstitution et la plongée dans une civilisation célèbre, mais peut connue.
Serge Perraud
La Porte d’Ishtar : T.2 - Le Masque de chair, scénario d’Alain Paris, dessins de Simon Dupuis,
Les humanoïdes Associés, mai 2008, 48 pages, 12,90 €
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