|
Cœurs perdus en Atlantide de Scott Hicks
9/10
Anthony Hopkins, David Morse, Anton Yelchin...
Qui a été voir cette dernière adaptation d’un roman, plutôt bon, de Stephen King (ce qui n’est pas le cas du dernier, l’insupportable Dreamcatcher, dont Lawrence Kasdan vient de réaliser l’adaptation : ça ne pourra pas être pire que le bouquin !) ? Pas grand monde. Sorti dans une indifférence générale, pas vraiment porté par son distributeur, Cœurs Perdus en Atlantide est pourtant un réel petit bijou, une œuvre d’une sensibilité extrême, d’une grande intelligence, nimbée dans la nostalgie d’une époque chère à l’écrivain, et que le scénariste William Goldman (une pointure, le gars, tout en étant assez inégal : Misery, Marathon Man, L’Ombre et la Proie, Butch Cassidy et le Kid, etc. Faites votre choix !) a magnifiquement restitué, le tout sous l’œil de Scott Hicks. Hicks est passé à une certaine postérité en signant Shine, la biographie d’un pianiste renommé et aussi complètement névropathe. Mais Shine reste terne malgré tout. Suivra alors le magnifique La Neige Tombait sur les Cèdres, polar/drame psychologique adapté d’un best-seller passionnant aux qualités esthétiques stupéfiantes. C’est ici que vous devez sentir poindre un léger regret de n’avoir pas encore vu Cœurs Perdus en Atlantide. Ce que nous allons en dire devrait vous convaincre de rattraper cette erreur.
Bobby Garfield reçoit un jour un gant de base-ball, cadeau du passé, d’un copain d’enfance qu’il n’a pas revu depuis quelques décennies, et qui vient de mourir. Bobby se rend à l’enterrement, dans une bourgade de Nouvelle-Angleterre, et en profite pour retourner à son ancienne maison. Là, il se souvient de l’été 1960, du trio qu’il formait avec Sully et Carol, de ces amours d’enfance qu’on n’oublie jamais, et de Ted Brautigan, le vieux locataire, aux lourds secrets, aux pouvoirs étranges. 1960 sera l’année du dernier été d’enfance de Bobby.
Il y a du Stand by Me dans ce film. Mais en plus, il y a la magnifique histoire d’un vieil homme fugitif et d’un gamin perdu, heureux avec ses amis, ignoré par sa mère. Le film tourne essentiellement autour de ces deux personnages, magnifiquement interprétés par Anthony Hopkins et le jeune Anton Yelchin. A l’observation, on remarquera qu’Hicks a parfaitement compris ce parallèle entre Ted et Bobby, puisque leurs relations, cette époque, aujourd’hui, le passé et le présent, tout cela est vu au travers de vitres, de miroirs, de glaces. On ne peut rien changer, tout est écrit, on ne peut que voir. Il faut prendre le temps de découvrir Cœurs Perdus en Atlantide, mais au moins, ce temps ne sera pas perdu car ces images, cette histoire ne disparaîtra pas rapidement de vos mémoires. Car il y aura toujours un moment où un détail vous touchera vous, personnellement. Et ça, c’est la vraie magie de Stephen King : il est maître dans l’art de la nostalgie.
Côté DVD, outre une copie somptueuse, rendant à merveille justice à un photo sublime, il y a dans les bonus un morceau de choix : une interview de Hopkins par Hicks sur 40 minutes. Et là, on reste abasourdi par l’intelligence et la grande sagesse de ce vieil acteur. On l’a vu quasiment gâteux pour la promo de Hannibal : il le faisait exprès, le film ne lui a pas plu, c’est certain. Un bonus de taille pour un DVD à ne pas rater : Cœurs perdus en Atlantide est bien plus que ce que beaucoup l’ont simplement qualifié lors de sa sortie en salles.
Bonus : commentaire audio de Scott Hicks (vo) / Interview 40 mn d’Anthony Hopkins par Scott Hicks (vostf) / galerie de photos / bande-annonce originale.
|