Film sorti en salles en France
le 25 juin 2008
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Le cinquième film de zombies de Romero. Ici il tente une expérience cinématographique à la mode de nos jours : la caméra objective. On voit un film tourné sur le mode du reportage par de jeunes étudiants de cinéma partis faire un film d’horreur et tombant sur des zombies affamés. Une fois de plus, comme dans les œuvres précédentes de Romero, c’est par la télé que nous apprenons le déclenchement du phénomène zombie. Tout est filmé dans une semi obscurité. C’est désagréable. De plus la caméra manque de batterie. On aura droit aussi à des plans où on ne voit rien, d’autres complètement flous et des prises de vue de caméras de surveillance : du tout venant quoi. Pendant le premier tiers du film, le spectateur sait qu’il y a des morts-vivants, mais les personnages doutent... Jusqu’à ce que...
« Si ça n’a pas eu lieu devant la caméra, c’est que ça n’a pas vraiment eu lieu, hein ? », déclare la femme du caméraman (Jason) : elle en a marre de le voir filmer. Un autre dit : « ça c’est un journal de la cruauté » en parlant du “reportage” de Jason. Ne peut-on pas dire la même chose du film de Romero ? Une “réflexion” sur les images, sur le voyeurisme. Il y a bien sûr l’inévitable scène très cruelle qui montre un proche des personnages se transformer en zombie, vue combien de fois dans les films de Romero. Il traite des problèmes moraux : ça fait pas quelque chose de tuer ces zombies ? N’était-ce pas des hommes ? « Est-ce qu’on peut attendre ? Peut-être que ça ne lui arrivera pas ? » supplie la compagne d’un membre de l’équipe décédé après une morsure par un zombie. Il y a aussi la scène où on confond un être humain vivant avec un zombie parce qu’il est sourd muet . Et des connards qui gardent des zombies enfermés chez eux parce qu’ils sont de la famille. Pourtant « eux, c’est nous », dit la jeune fille dans le film. La force des morts-vivants c’est leur nombre : « Combien de divisions ? » demandait Staline à propos du Vatican... Le nombre des zombies augmente de façon exponentielle ; ça en fait des divisions !
Romero nous sert une soupe idéologique à propos de l’immigration. On est cons, dites donc, d’avoir peur des immigrés quand on voit ça ! Le réalisateur se met lui-même en scène dans un tout petit rôle : celui du chef de la police qu’on voit à la télé et qui impute la catastrophe à l’immigration. Les seuls qui “résistent” ce sont des Noirs.
Tout du classique Romero. Rien de neuf.
La télé ment. Alors que le film de Jason mis en ligne sur Internet, lui, montre la vérité ! Mais, comme tout le monde le fait, « plus il y a de voix , plus il y a de versions ».
Romero revient à ses premiers amours de La Nuit des morts vivants (1968) qu’il avait déjà tourné comme un reportage. Il déclare qu’il avait encore beaucoup de choses à dire sur les zombies (voir son interview dans sfmag N° 57). Je ne vois pas ce qu’il a dit de nouveau dans ce dernier film.
C’est un bon film, bien sûr, mais peut-être le regarderez-vous comme moi : avec lassitude...
Les autres films de zombies de Romero :
La Nuit des morts-vivants (1968) - Zombie le crépuscule des morts vivants (1978) - Le Jour des morts vivants (1985) - Land of th Dead (2004) (Le Territoire des morts) et le dernier de la deuxième trilogie Survival of the Dead (2009).
Les remake :
La Nuit des morts-vivants (1990) de Tom Savini - L’armée des morts(2004) de Zack Snyder - Le Jour des morts vivants 2 (2005) d’Anna Clavell - Le Jour des morts (2007) de Steve Miner.
Bien sûr il serait impossible de citer tous les films d’horreur inspirés de ceux de Romero tant il y en a. Je citerai les films de Lucio Fulci : L’enfer des zombies (Zombi 2) (1979) - Frayeurs (1980) - la Maison près du cimetière (1981) - L’au-delà (1981)
Enfin, il faut citer la trilogie plus ou moins parodique : Le Retour des morts-vivants de Dan O’Bannon (1984) - Le Retour des morts-vivants 2 de Ken Wiederhorn (1987) - Le Retour des morts-vivants 3 de Brian Yuzna (1993)
Alain Pelosato
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