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"Maléfique" de Eric Valette
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07/10
Gérald Laroche, Philippe Laudenbach, Clovis Cornillac, Dimitri Rataud.
Dans une cellule d’une prison, quatre condamnés se retrouvent ensemble pour leur crime respectif : il y a Carrière, chef d’entreprise accusé de détournement de fonds, Marcus le transsexuel, Paquerette le jeune attardé mental et amant de Marcus, et Lassale le meurtrier sexagénaire de sa femme. Une nuit, un phénomène étrange leur montre une pierre qui semble se descellé du mur. Piqué part la curiosité, ils arrivent à l’enlever et découvrent alors une niche. Fouillant l’intérieur, ils en extirpent un journal, celui de Danvers, un condamné célèbre qui occupait cette même cellule au début du siècle, adepte de la magie noire, et qui disparut mystérieusement sans laisser de traces. Rempli d’hiéroglyphes indéchiffrables, Carrière arrive cependant à reproduire certains des dessins cabalistiques du cahier sur le sol de la cellule. Les quatre hommes assistent alors à l’ouverture des pierres. Après un incident grave survenu par mégarde à Paquerette lors d’un autre essai, ils acquièrent la certitude de pouvoir s’évader avec ces révélations. Ce qu’ils ignorent, c’est la véritable destination géographique et temporelle du lieu qu’ils vont découvrir par leur évasion dans un voyage proche de la quatrième dimension.
Maléfique est le quatrième et dernier des films produits sous le label des BeeMovies, ces petits films de genre, souvent fantastiques, « made in France ». Jusqu’à présent, les précédents titres étaient des plus navrants : Un jeu d’enfant, Bloody Mallory, Requiem. Curieusement, celui qui possède les éléments les plus minimalistes de lieu et d’action constitue la première vraie réussite de ce studio pas comme les autres. Avec Maléfique, Eric Valette, connu pour l’instant pour des courts-métrages novateurs, ainsi que par des vidéo-clips qui sortent un peu des sentiers battus, réalise son premier long-métrage, et avec un budget de misère, utilise au mieux les éléments dont il dispose pour concrétiser une petite merveille de série B qui peut rivaliser sans problèmes avec ses collègues d’outre-Atlantique. Le plus difficile étant de créer une action dans un lieu aussi clos qu’une cellule, Valette présente quatre personnages pittoresques, parfaitement bien « dessinés » et qui ensemble donnent déjà un rythme au film par leur quotidien, leur personnalités, le tout sur fond de dialogues percutants et parfois drôles comme les auraient écrits Michel Audiard. Une fois le décor et les protagonistes plantés et existants, il ne reste plus qu’à introduire l’élément fantastique. L’associer à une évasion constitue une autre bonne idée parfaitement adaptée au contexte d’un tel scénario.
On reste dans la cellule, quelques effets visuels dus aux incantations de Danvers apparaissent pour un voyage dans le passé mais toujours entre les quatre murs de la cellule. Comme on le voit, tout dans Maléfique est utilisé à l’extrême, faute de moyens. Mais d’un autre côté, cela sert parfaitement bien l’intensité du récit et de son action. Le nerf de guerre de la série B par excellence, qu’Eric Vallette utilise au mieux de ses possibilités. Tel est donc le dernier né des BeeMovies, nés dans la souffrance au vu de la médiocrité des premiers « bébés », mais qui finira sur une jolie petite réussite qui ouvre à Eric Valette certaines perspectives dont on ne peut espérer qu’une chose : qu’elles ne lui fassent pas perdre son talent. |
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