Laura Gallego García est née en 1977 en Espagne. Sa bibliographie compte une dizaine de titres de romans pour la Jeunesse, dont « La légende du Roi errant », récompensé par El barco de vapor, un prix célèbre dans son pays, ou « Le collectionneur d’horloges extraordinaires ». C’est en 2000 qu’elle publie « El Valle de los Lobos ». C’est à la demande de lecteurs que l’auteur entame une suite et donne pour titre « Les chroniques de la Tour » à ce qui devient une série. Cependant, en « vieux roué » de la littérature, Laura Gallego García avait conçu une fin suffisamment ouverte à son roman pour, si besoin était (et besoin fut) pouvoir continuer l’histoire.
« La Vallée des Loups » raconte l’enfance de Dana. C’est une petite paysanne qui, dès son plus jeune âge, participe aux travaux de la ferme de ses parents. Alors qu’elle a six ans, qu’elle cueille des framboises, elle voit un garçon inconnu. Il est de son âge, blond, très maigre, mais ses yeux verts sont amicaux et son sourire inspire confiance. Ils deviennent inséparables. Les années passent. Ils grandissent et Dana découvre qu’elle est la seule à voir celui qui se nomme Kay. À un moment difficile pour la famille, (les récoltes sont mauvaises) un homme vient négocier pour l’emmener. Dana, persuadée que celui-ci veut l’épouser, se trouve bien trop jeune, à dix ans, pour cela. Mais elle ne peut que le suivre, rassérénée cependant car Kay est du voyage. Il les emmène à la Tour, dans une contrée perdue, pour en faire son apprentie et lui apprendre la magie. Le Mage, qu’elle doit appeler « Maître », a des projets pour elle, car elle possède des capacités exceptionnelles.
Dans la Tour, elle rencontre Fenris, un elfe à l’étrange attitude. Mais les relations de Dana et du Maître vont basculer lorsque le fantôme d’une Mage l’appelle à son secours et la pousse à partir à la recherche de la Licorne, contre l’avis du Mage. Qu’attend réellement le Maître ? Qui est Dana ? Quelle est la personnalité de Kay ? D’où vient-il et pourquoi ?
« La malédiction du Maître » se déroule dix ans après les événements dramatiques qui ont failli tuer Dana. Elle est devenue une Mage et a pris la direction de La Haute Ecole de Magie de la Tour de la Vallée des Loups avec Fenris, devenu son ami. Elle a accueilli Salamandre, une jeune fille sauvée du bûcher. Mais Kay lui annonce qu’un sort a été jeté sur elle, par le Maître, un sort pire que la mort. Ses élèves, aiguillonnées par Salamandre se mobilisent pour la protéger.
L’action de « L’appel des morts » le troisième opus des aventures de Dana et de Kay, a lieu pendant la trentième année de l’héroïne. Dana a un nouvel apprenti qui semble posséder des capacités surprenantes. La Mage est inquiète et décide de consulter un oracle pour essayer de cerner l’avenir. Avant de partir, elle reçoit la visite d’Aonia, celle qui lui fit rencontrer la Licorne, qui lui annonce que le Moment approche. Tous les mille ans, la dimension des vivants et celle des morts se rapprochent au point de pouvoir passer d’un monde à l’autre.
La prophétie que lui délivre l’oracle est diabolique car elle implique, pour la réalisation des la partie favorable, que les prévisions funestes le soient également.
Laura Gallego García avait écrit un premier livre captivant. Il faut remercier les lecteurs espagnols qui l’ont poussée à continuer, car c’est avec grand plaisir qu’on suit les aventures multiples et effrénées de Dana, à des âges et dans des concepts différents. L’action est omniprésente, l’intrigue adroitement menée et soutenue par une écriture agréable à lire. Saluons le travail de Faustina Fiore, la traductrice, qui a su restituer la qualité et la fluidité du récit. Les personnages, aux profils bien adaptés à leur rôle, sont attachants.
L’auteur truffe son histoire épique de moult annotations sur la nature humaine, instillant un amour de la vie et la nécessité de la prendre en charge. Ses livres sont un hymne à la responsabilité individuelle, à la force de l’amitié et à l’amour. Parmi les très nombreuses péripéties, l’auteur glisse des scènes sentimentales, car peu à peu, des liens très forts se sont noués entre Dana et Kay. Mais leur situation les sépare. Un des « fils rouge » de la trilogie concerne, d’ailleurs, les tentatives qu’ils mettent en œuvre pour se rejoindre, se retrouver, s’étreindre.
Laura Gallego García joue avec brio de toutes les possibilités offertes par l’univers qu’elle a crée. Elle jongle avec les liens entre le monde des vivants et celui des morts, avec une magie basée sur des formules.
Il existe un petit décalage temporel entre le premier volume et les suivants. Dans le premier, Kay raconte une histoire qui se déroule il y a plus de mille cinq cents ans. Dans les suivants, l’époque de ce récit est ramenée à cinq cents ans. Mais ne sommes-nous pas dans un univers magique où un millénaire peut s’effacer ?
« Les chroniques de la Tour » passionneront tous les amateurs, petits et grands, d’action dans un univers magique où règnent encore des fibres sentimentales, tous ceux qui apprécient une imagination débridée au service d’un récit palpitant.
Serge Perraud
Les Chroniques de la Tour : T.1 La Vallée des Loups, T.2 La malédiction du Maître, T.3 L’appel des morts, Laura Gallego García, Editions L’ai lu, coll. Baam !, parutions en février, mai et septembre 2008, 256, 288, 256 pages, 13 euros le volume.