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Cronos de Guillermo Del Toro
Federico Luppi, Ron Perlman, Tamara Shanath
08/10
Quand en 1992, Cronos gagna le Prix de la critique à Cannes, personne ne se douterait que son jeune réalisateur (28 ans à l’époque) deviendrait 10 ans plus tard un des réalisateurs les plus acclamés du Fantastique, celui dont on attend avec fébrilité les toutes premières images de son prochain film (Hellboy, enfin !) depuis que Guillermo Del Toro (oui, c’est lui, on ne parle que de lui depuis un an !) nous a asséné coup sur coup 2 chefs d’œuvre, si différents et pourtant si maîtrisés, à savoir le sublime L’échine du Diable et l’époustouflant Blade 2. Surtout que malgré sa récolte de prix à travers le monde, Cronos fut un énorme échec commercial. Et comme le dit Del Toro, si il n’y avait pas eu Mimic après (excellent mais qu’il renie un peu vu qu’il ne fit pas le film qu’il voulait), il n’y aurait peut-être jamais eu les deux suivants. Et aujourd’hui, si il n’y avait pas eu cette reconnaissance envers lui grâce à ces deux mêmes films, il n’y aurait jamais eu cette incroyable ré-édition Collector de son premier film, que le monde entier va nous envier...
De nos jours, un vieil antiquaire, Jesus Gris, découvre un curieux objet-bijou en forme de scarabée. Alors qu’il l’a en main, l’objet sort une aiguille et le pique. Jesus découvre alors que cela lui redonne une vigueur nouvelle mais qui a un prix : celui du sang. Jesus devient une sorte de vampire, à mesure que sa vitalité rajeunit, grâce au Cronos. Mais cette invention d’un alchimiste du 16ème siècle attire aussi bien d’autres convoiteurs, tels que Angel de la Guardia, neveu du richissime mais mourant Dieter de la Guardia, qui veut à tout prix récupérer le Cronos. Jesus veut garder le Cronos, mais sa soif de sang devient aussi plus insatiable, au point de menacer sa petite-fille, Aurora.
Avec ce film, on retrouve plus le Del Toro de L’échine du diable (dans lequel joue Federico Luppi, il est le directeur de l’orphelinat) que celui de Blade 2. Sauf peut-être dans certaines idées, telles que la vie éternelle, la vampirisme, l’humain devenant, par soif de vie et de pouvoir, démon.
Cronos déroule lentement son climat propice à une histoire qui trouve ses sources dans l’alchimie obscure de temps oubliés. Faisant déjà preuve d’une remarquable maîtrise de mise en scène, revoir Cronos aujourd’hui est un véritable bonheur qui prolonge celui procuré par la (re)vision de L’échine du diable et de Blade 2, le tout servi par une copie parfaite. L’édition DVD qui justifie pleinement le label Collector, permet d’écouter le commentaire audio de Del Toro qui se remémore son premier « travail », le tout fourmillant d’informations passionnantes (on ne s’ennuie jamais avec un commentaire de Guillermo, on le sait maintenant), et surtout par une série de reportages-entretiens avec le réalisateur, réalisés lors de sa venue promotionnelle à Paris pour la sortie de ses 2 derniers films l’an passé. On a droit aussi à une galerie de croquis signés Del Toro, qui montre déjà l’étendue du talent du cinéaste qui arrive à retranscrire ses visions picturales sur pellicule. Tout cela concourt à redonner à Cronos, grand film fantastique oublié, la place qu’il mérite dans le genre et qui ne lui avait pas été reconnue par le public il y a 11 ans. En 4 films, et même si Mimic n’est pas à la hauteur de ce qu’il souhaitait, Guillermo Del Toro s’impose définitivement comme Le plus grand réalisateur oeuvrant dans le Fantastique de ce début de troisième millénaire. Carrément !
Bonus (tout en vostf) : commentaire audio du réalisateur. Disc 2 : entretien exclusif avec G. Del Toro (38 mn) ; interview (7mn) ; présentation et retour sur le film pour son prix de la Critique à Cannes 1992 par caroline Vié (7mn) ; galerie de dessins et de photos ; filmographies des acteurs et du réalisateur.
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