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Réal. & scénariste : Paul W. S. Anderson
Avec : Jason statham, Tyrese Gobson, Ian McShane, Joan Allen,Natalie Martinez.
Distribué par Universal Pictures International France
105 mn
Sortie le 15 Octobre 2008
Note : 3/10.
C’est un remake, à savoir celui de « La course à la mort de l’an 2000 » de Paul Bartel, une des productions les plus célèbres de Roger Corman, une série plus Z que B avec David Carradine et surtout Sylvester Stallone (qui n’avait pas encore fait « Rocky ») en pilotes de course où tous les coups sont permis, entre eux et même sur le public. Pourquoi pas, dans ce cas-là, le remake mérite d’être fait, le film a du potentiel, on peut réactualiser le scénario et surtout, on peut largement faire mieux. Ce qui en ferait un remake utile et non une purge commerciale comme un « Fog » par exemple. Derrière le projet, on trouve entre autres la boite Cruise/Wagner, et à la caméra et au scénario, Paul W. S. Anderson, un bon dans son domaine, ses séries B sont toujours d’un niveau correct voir plus (« Mortal kombat », « Resident Evil », même « Alien vs Predator », et pour ces deux derniers, on ne retiendra que les siens, pas les suites, et en haut du panier, le superbe « Event horizon ») à part « Soldier » avec Kurt Russel, définitivement raté. Qu’en est-il de ce « Course à la mort » ? Simplement, Anderson est passé à côté d’un bon matériau. Il le dit lui-même : « J’ai fais un film très différent, mais où on trouve encore un petit message social, comme le premier « Death race » ». L’original était une satyre de la dégénérescence de certaines sociétés dites civilisées. Ici, « Course à la mort » est un film de taule, avec des courses de voiture, sacrée différence...
Jensen Ames (Statham, qui montre encore une fois qu’il a un potentiel d’enfer, comme l’a prouvé son « Braquage à l’anglaise » et qu’il pourrait faire tellement mieux...) avait trouvé la voix de la rédemption : une femme, une petite fille, un job, le minimum qu’il demandait pour vivre heureux. Un soir, tout s’écroule : un tueur égorge sa femme et Jensen est envoyé au pénitencier de Terminal Island. Là, la directrice lui apprend qu’il peut regagner sa liberté et revoir sa fille, en gagnant la course des 3 jours : des voitures prenant le pénitencier comme circuit, des armes utilisées pour éliminer les adversaires et des prisonniers comme pilotes. Retransmise par satellite, c’est le jeu star du moment. Pour Jensen, reprendre le volant est un plaisir, et gagner sera une nécessité. Sauf que les dés sont peut-être pipés. Mais pour retrouver sa fille, le taulard n’hésitera pas à utiliser tout ce qu’il peut pour gagner.
Où est la satyre ? Ou est l’interaction avec le public ? Au travers de caméras de télévision ? On n’en voit quasiment jamais. Au travers des réactions du public ? On ne le voit jamais. Que reste-t’il alors ? Un film de course automobile sauvage en taule. Et pour justifier d’un futur proche, elles sont carrossées comme des tanks. Bon, pourquoi pas, le concept a bien marché pour « Mad Max 2 ». Sauf qu’Anderson n’est pas Miller, et par moments, ses courses-poursuites, vues parfois via une caméra vidéo, sont limite plan-plan ! Le comble au vu du sujet. D’accord, on ne s’ennuie pas vraiment, mais le remake se révèle bien sage et terne au vu du matériau de base (dont seul le nom d’un des concurrents est conservé, à savoir Frankenstein...). Et le pire venant de cette absence quasi-totale d’interaction entre les pilotes et le public, où ce dernier fait vivre la course par la folie qu’elle génère sur lui, au point d’accepter que les plus malades foncent sur les spectateurs pour gagner des points, faisant de ce sport, les nouveaux jeux du cirque. Un point de vue carrément réussi dans le remake de « Rollerball », complètement occulté et donc foiré ici. Sans parler d’invraisemblances énormes qui annihilent le peu de crédibilité de l’entreprise. On se rattrapera alors avec la présence de Statham, le look des véhicules, et l’originalité d’un film de prison conjugué à la course automobile. Mais pour ce qui est du « remake », cette « Course à la mort » ne figurera pas dans les pires (« Fog » again...) mais certainement pas non plus dans les meilleurs. Et ce qui énerve quand même assez, c’est qu’on pensait voir mieux de la part de Paul W. S. Anderson, grand fan de l’original comme il l’a si souvent dit...
St. Thiellement
Une autre chronique de ce film, très différente de celle-ci, signée Alain Pelosato est disponible dans le sfmag numéro 60 disponible en kiosque en novembre/décembre 2008, ainsi qu’une interview exclusive de Paul WS Anderson par Marc Sessego et un gros dossier sur le thème "la bagnole en SF".
A partir de janvier 2009, ce numéro sera disponible en PDF dans la rubrique "e-books" de ce site.
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