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Avec Russel Crowe, Kim Basinger, Guy Pearce, Kevin Spacey, Danny DeVito
Warner Home Vidéo
Dix ans déjà, onze même pour être exact, que « L.A. Confidential » déboula sur les écrans pour se révéler être l’excellente surprise qu’il fut. Pourtant, au début, rien n’était gagné : une adaptation d’un roman de James Ellroy, auteur inadaptable par excellence même si « Lune sanglante » donna quand même le très bon « Cop » avec James Woods (mais souvent détesté par les habituels réfractaires à tout...). Autre handicap, Curtis Hanson derrière la caméra, cinéaste découvert avec le bon « Faux témoin » que suivit l’excellent « Bad influence » (Rob Lowe en machiavélique play-boy), et qui signa par la suite « La main sur le berceau » (plutôt bon), « Rivière sauvage » (pas bon du tout), « Wonder boys » (avec Michael Douglas en vieux prof d’université), « 8 Mile » (avec Eminem, excellent aussi), « In her shoes » (comédie oubliable), « Lucky you » (polar sur le jeu avec Eric Bana, très bien). Et pourtant, Hanson se passionna pour le sujet et apprit qu’un autre aussi, Brian Helgeland, ex-patron de pêche devenu scénariste de films d’horreur (« Freddy 4 », « 976 Evil » & surtout « Highway to hell », film bien barré sorti en VHS il y a fort longtemps...) puis de polars qu’il vendit pour le meilleur ou le pire (« Assassins » avec Stallone qu’il co-écrivit avec les frères Wachowski, « Complots » avec Gibson) avant d’éclater avec « L.A. Confidential », ce qui lui permit de passer derrière la caméra (« Chevalier », Payback » repris par Gibson et sortit en director’s cut en vidéo, version tout à fait différente au final mais sortie appuyée par Mel Gibson..., et pour finir, son très mauvais « Purificateur »). Et depuis, Helgeland a signé le scénario de « Man on fire » de Tony Scott (peut-être son meilleur film) et aussi de son prochain, le remake d’un polar des seventies, pas mal, « Les pirates du métro » avec Denzel Washington en flic poursuivant le pirate John Travolta. Ca sort l’été prochain, trop hâte !
Bref, « L.A. Confidential » est unanimement reconnu aujourd’hui comme un des meilleurs polars noirs du cinéma. Son histoire est celle, dans le Los Angeles des années 30, de trois flics très différents : Bud White (Russell Crowe, qui sortait du « Mort ou vif » de Sam Raimi et qui explosa littéralement ici), excellent flic aux méthodes plus que brutales ; Jack Vincennes (Kevin Spacey), flic aimant le milieu show-business au point de servir de conseiller à une série policière ; Ed Exley (Guy Pearce), jeune flic nouvellement gradé qui veut faire le ménage de la corruption dans la police. A eux trois, via trois enquêtes différentes, ils vont se rejoindre pour redorer le badge de la police de L.A.
D’une construction très James Ellroy donc alambiquée, tortueuse, Helgeland et Hanson ont su prendre les éléments qu’il fallait pour en faire une adaptation digne de ce nom qui conserverait l’essence du roman à défaut de tout retranscrire (soit ce qui s’appelle donc une adaptation). Les bonus reviennent au travers de plusieurs modules, d’interviews récentes de tout un chacun (même d’Ellroy) sur cette genèse assez extraordinaire qui n’aurait pu naitre sans la passion des deux scénaristes. Après avoir vu le film, se plonger ainsi dans tous ces souvenirs se révèle passionnant et surtout jamais ennuyeux : l’entreprise était colossale, avec cependant des moyens finalement limités (qui transparaissent lors de la recréation de certains décors un peu cheap...), et le résultat est tout bonnement stupéfiant, récompensé justement par l’Oscar de la meilleure adaptation. L’édition Blu-ray donne en plus au film une nouvelle vie, par tout de suite perceptible, le début étant un peu granuleux sur certains plans, mais qui par la suite redonne une nouvelle santé bienvenue au look du film magnifiquement photographié par Dante Spinotti (certains Michael Mann, comme « Manhunter » ou « Révélations », en attendant « Public ennemies »...), du pur bonheur quoi. Question bonus, c’est gigantesque avec donc tous ces reportages, making-of, entretiens (avec Crowe dans un look pas croyable !) et aussi le pilote de la série TV qui ne dura que le temps d’un épisode, suite à des différents entres studios producteurs, avec Kiefer Sutherland dans le rôle de Jack Vincennes : on y retrouve tous les personnages, on reprend en (très) gros certaines intrigues, c’est très fauché (les stocks-shots du L.A. des années 30 sont très mal intégrés au film), et ça se finit sur le meurtre légendaire du... Dahlia Noir ! Bref, pour une réédition en Blu-ray, Warner nous sert du costaud, du très riche (sans oublier une partie de la partition musicale en piste isolée) pour un grand polar, pas un chef-d’œuvre (Curtis Hanson n’est pas Michael Mann, mais juste Curtis Hanson...) mais certainement un très grand classique qui n’en est véritablement pas très loin. A conserver en très bonne place dans toute Blu-raythèque.
Note film : 9/10
Blu-ray : copie excellente, image Haute Définition 16x9 2.40 :1 - Bonus : 10/10 : commentaires audios des acteurs, du co-scénariste, de James Ellroy, etc... - scènes coupées - making-of - interviews exclusives - retour sur le film - du roman au film : interviews de C. Hanson, B. Helgeland & James Ellroy - pilote de la série TV - le style visuel de L.A. - le casting du film - piste musicale.
Stéphane Thiellement
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