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Scénario : Jerzy Kromolowski & Mary Olson-Kromolowski
D’après le roman de James Lee Burke “In the electric mist with confederate dead” (publié en France aux Ed. Rivages)
Avec : Tommy Lee Jones, John Goodman, Peter Sarsgaard, Mary Steenburgen, Pruitt Taylor Vince.
Distribué par TFM Distribution.
117 mn.
Sortie le 15 Avril 2009.
Note : 4/10.
L’affiche précise : « d’après le chef-d’œuvre de James Lee Burke ». Ce n’en est pas loin, c’est vrai, dans le genre polar noir américain, « Dans la brume électrique » est le meilleur du romancier. Lequel fut déjà porté à l’écran avec « Vengeance froide » où Alec Baldwin interprétait le rôle du flic Dave Robicheaux, repris ici par Tommy Lee Jones (un peu trop vieux pour le rôle mais bon, c’est Jones, et il a une présence monumentale, un des très bons points du film...). Qu’en est-il de cette adaptation ? Hé bien, oui, le roman est excellent, oui, le scénario est plutôt bon (mais pas excellent non plus), oui les acteurs sont parfaits, mais non, Bertrand Tavernier n’était pas du tout le bon choix pour retranscrire à l’écran toute la richesse de la prose de Burke.
A New Iberia, en Louisiane, Dave Robicheaux se charge d’une enquête sur des meurtres atroces de jeunes filles. Dans le même temps, il intercepte Elrod Sykes, une star du cinéma en train de tourner un film dans les bayous, lequel est en partie financé par « Baby Feet » Balboni, un caïd local dont l’activité tourne autour de la prostitution et de la drogue. Sykes lui révèle que lors d’une scène, il a vu des ossements humains, ce qui rappelle à Robicheaux un meurtre dont il fut témoin enfant. Pour couronner le tout, il semblerait que des fantômes du passé, ceux d’un corps d’armée sudiste, se montrent de temps en temps. Et quand Robicheaux va vraiment les rencontrer, ils vont faire remonter à la surface des cadavres, des rancœurs, de lourds secrets enfouis au fin fond de l’âme du Vieux Sud, la terre de Dave Robicheaux.
Mélangeant très adroitement polar et fantastique, « Dans la brume électrique » possède d’abord et avant tout une ambiance incroyable, palpable à chaque ligne. Pour porter à l’écran une telle histoire, il aurait fallu un enfant du pays, un amoureux du Vieux Sud, doublé d’un cinéaste moins conventionnel et plus intrépide, un peu comme Craig Brewer, réalisateur des magnifiques « Hustle and flow » et « Black snake moan », quelqu’un qui montre le Sud américain autrement que par de simples vignettes « clichés », quelqu’un qui connaisse vraiment l’ambiance locale, ce cachet si particulier qu’on ressent quand on est là-bas. Pour son premier film américain, Bertrand Tavernier, certes grand fan du roman, ne fait qu’appliquer sa mise en scène académique et plan-plan au scénario. Tout cela reste démonstratif, un livre d’images touristiques qui ne renoue jamais avec l’ambiance décrie dans le film, tant sur le pays en lui-même que sur l’aspect fantastique, complètement plat ici. Alors il reste l’intrigue. Si elle est mieux préservée que le reste, ce n’est pas non plus le meilleur des polars noirs moites tels qu’on les connait avec les romans de Burke ou encore Thomas Jefferson Parker, James W. Hall, etc... Même si le résultat n’était pas non plus des meilleurs, « Vengeance froide » s’en sortait mieux de ce côté-là, c’est dire. Mais la narration n’est pas des plus homogènes, les ellipses sont légion (le film possède une autre version aux USA, plus « nerveuse » et concise, parait-il...), et on est loin d’être captivés comme dans le roman. Malgré tout, on arrive à se laisser promener par Un Tommy Lee Jones toujours à l’aise dans ce genre de rôle, aidé par un casting plutôt bien trouvé (John Goodman en tête, et au passage, Mr Tavernier, ce n’est pas son premier rôle de mauvais, hein !), pour un film qui se rapprocherait plus par son rythme et son « allure » à un « Maigret dans les bayous » plutôt que l’adaptation réussie du chef-d’œuvre de James Lee Burke.
St. THIELLEMENT
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