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Avec Paddy Considine, Gary Stretch, Toby Kebbell.
FPE Vidéo
Festival du Film Britannique de Dinard, Octobre 2004 : présidé par Jacques Chancel (ce qui m’a permis d’apprendre qu’il était toujours vivant !), le jury décerne le Grand Prix, le Hitchcock d’Or, à un épatant petit film, « Dead man shoes ». Cinq ans plus tard (!!!), le film sort enfin... Directement en vidéo. C’est déjà ça. Mais il y a déjà deux ans, Shane Meadows, son réalisateur, qui depuis vient quasiment chaque année à Dinard soit pour présenter son petit dernier (« This is England » en 2006, « Somers town » l’an passé, qui devrait sortir en salles bientôt...), soit en « touriste » venu animer un colloque : Meadows est devenu un habitué de Dinard depuis « Dead man shoes ». Et aujourd’hui, l’occasion est enfin donnée de pouvoir découvrir le film, tourné pour un budget de misère, dans des conditions ahurissantes (on y reviendra), pour un résultat étonnant, consacrant un nouveau grand nom du cinéma britannique.
Accompagné de son frère attardé mental, Richard, ex-militaire démobilisé, revient dans une petite ville pour se venger de la bande de petites frappes qui ont martyrisé son frangin. Loin de seulement leur donner un avertissement, Richard va appliquer une justice sans sommation, recherchant aussi un châtiment pour tout ce qu’il a commis lors de son engagement militaire.
De prime abord, sur le papier, « Dead man shoes » ne révolutionne rien. Mais c’est en plongeant dans cette croisade meurtrière orchestrée par cet ex-soldat pour venger son frère, que l’on se retrouve au bout du compte dans une sordide histoire de violence banale et pourtant implacable. Banale car perpétrée par de simples hommes, un soldat et des malfrats de dernière zone. C’est avec eux que le film trouve aussi ses moments d’humour, tant ils sont pathétiques dès qu’ils se trouvent face à plus fort qu’eux. Les voir s’accompagner aux chiottes pour ne pas rester seuls est un gag incroyable, car en même temps, il définit bien les individus, faux durs face à un être humain diminué, minables face à un tueur de métier. Pour Richard, seule la violence est la vraie réponse à ce qu’a enduré son frère et cette quête vengeresse va aussi lui faire prendre conscience de son inhumanité. De prime abord, donc, « Dead man shoes » est un petit film d’auteur ; à la fin, il est devenu une œuvre plus riche qu’elle ne le pensait paraitre, comme beaucoup de découvertes à Dinard (on attend toujours les sorties même vidéo de « In my father’s den », « Middletown », « Flashback of a fool », etc...). Et le film de faire découvrir un nouveau talent, celui de Shane Meadows : bonhomme sympathique, un peu timide, qui avoue avoir tourné ce film avec quelques dizaines de milliers de livres sterling, d’avoir comme ses malfrats, embarqué son équipe dans une seule voiture pour les déplacements. Meadows remercie aussi l’engagement personnel de Paddy Considine (le père dans le superbe « In America » de Jim Sheridan) qui l’a épaulé, même financièrement, pour finaliser son projet, revoyant quelques passages du scénario. Auparavant, Meadows avait signé un « gros » film qui l’a déçu avec Robert Carlyle d’om son engouement pour ce projet minimaliste, fait dans la douleur mais aussi la passion... Les bonus permettent d’ailleurs d’en apprendre plus sur lui, sur son enfance évoluant dans le milieu skinhead (comme le gamin de « This is England ») par attrait avant de s’en éloigner suite à trop d’implications dans des actes de violence gratuite. On trouve aussi une fin alternative sans intérêt (vu la force de celle conservée dans le film !). Mais l’important n’est as là, il est dans le fait de découvrir un excellent petit polar noir britannique, âpre, violent, sincère, une petite réussite à ne rater sous aucun prétexte. Après, vous saurez qui est Shane Meadows, un grand nom du 7ème Art britannique.
Film : 9/10
DVD : 6/10 (copie excellente, format d’origine 1.85, image 16/9ème compatible 4/3) - Bonus : scènes coupées - documentaire sur Shane Meadows - fin alternative.
St. THIELLEMENT
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