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Réal. & co-scén. : Nicolas Winding Refn
Scénario : Brock Norman Brock
Avec : Tom Hardy, Matt King, Kelly Adams, James Lance, Amanda Burton
Distribué par Wild Side Films
92 mn
Sortie le 15 Juillet 2009
Note : 2/10.
Sur le papier, avec le nom de Nicolas Winding Refn derrière la caméra et après avoir vu la bande-annonce, « Bronson » tenait tout du film noir hyper violent britannique comme on n’en avait pas vu depuis longtemps, style la grande époque d’Alan Clarke par exemple (« The firm » avec Gary Oldman, pas celui avec Cruise, sur les fans-clubs de football ou « Scum » sur les maisons de redressement). Donc un film attendu avec une impatience limite démesurée. Sauf que, au final, quand les lumières se rallument, le choc prévu s’est transformé en véritable épreuve de force, celle de résister à l’envie folle de sortir de la salle tant « Bronson » s’avère être décevant. En fait de drame carcéral ultra-violent, on a droit à un film pompeux, prétentieux, « arti », bref tout ce qu’on n’aurait jamais crû que Winding Refn aurait fait un jour. Car Nicolas Winding Refn, c’est la trilogie « Pusher », de vraies bombes venues du Danemark, des polars sur la vie quotidienne dans le petit milieu local avec ses trafics de drogue miteux, sa violence sordide, et un point de vue frontal sur aucune échappatoire pour tout nouvel arrivant. Trois films à la puissance similaire d’un coup de poing dans l’estomac. Et Winding Refn sortira l’an prochain une épopée viking, « Valhalla rising - le guerrier silencieux » : un projet alléchant quand on connait « Pusher », mais qui devient moins attrayant après avoir vu « Bronson ».
Michael Peterson (Tom Hardy, la seule vraie qualité du film, la seule raison de le voir, impressionnant) commence la prison à 19 ans pour un petit délit. Ses réactions violentes, ses refus de se plier au système carcéral prolongent sa peine d’emprisonnement. A un moment donné, il change de nom et après avoir envisagé Heston, il se fait appeler Charles Bronson. Il est à ce jour le prisonnier le plus populaire d’Angleterre, le plus médiatique, le plus célèbre. Il est en taule depuis trente quatre ans.
Un destin peu commun pour un personnage peu commun, du pur concentré de violence et de révolte face au système carcéral britannique. En même temps, Bronson se découvre des talents artistiques, au travers de la peinture et de l’écriture. Un tel sujet est une mine d’or pour certains cinéastes. Nicolas Winding Refn, devenu célèbre avec ses chroniques de la petite délinquance danoise, semblait être le candidat idéal pour faire un film âpre et ultra-violent, à l’image de son personnage-clef. Sauf que le traitement du sujet prend une direction qui annihile une partie du réalisme et de la force du propos au profit d’images et de partis-pris certes très personnels et d’auteurs mais trop marqués dans ce sens pour restituer ce que le sujet devait faire ressentir. Très rapidement, les choix de mise en scène, de musique, de plans, très artistiques, lassent plus qu’autre chose. Si le but recherché était de montrer un mythe, pourquoi npas sauf que Bronson n’est rien d’autre qu’un sosiopathe ultra-violent qui sait faire parler de lui et c’est tout. « Bronson » n’était donc pas le sujet adéquat pour cette approche, et en l’appliquant, Nicolas Winding Refn signe son premier véritable échec cinématographique. Si film d’auteur il y a, ce fut amplement démontré et réussi avec la trilogie « Pusher », trois films faits avec les tripes. Ici, la prétention prend le dessus, et logiquement, le film perd toute force, toute puissance, tout intérêt.
St. THIELLEMENT
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