Sortie le 20 août 2009
« Ils sont venus me chercher à midi, après notre match contre ceux du bâtiment C. Un nouveau, ses boutons dorés clignotaient dans la pénombre, et André, je reconnaîtrais le bruit de ses clés entre mille. On venait à peine d’arriver dans les vestiaires, j’allais entrer sous la douche, André s’est approché ... On t’emmène chez le directeur, dépêche toi !...
Il me regardait comme à chaque fois. Arthur dit qu’un jour il lui cassera les dents mais jusqu’à présent, il n’a rien fait, ça me fait bien rigoler. J’ai mis mon slip et enfilé mon survêtement, les baskets, en prenant mon temps. Je commençais à faire mon sac, le nouveau a posé sa matraque sur mes affaires et m’a repoussé en arrière... Tu laisses ça là !... »
Enfermé depuis l’âge de 5 ans dans un camp de rééducation destiné aux enfants qui ont commis des crimes particulièrement odieux, le héros de Siècle d’enfer est libéré à 22 ans. Notre nouveau Candide va découvrir le monde du dehors. Un monde qui ressemble étrangement au nôtre, ou pourrait en être le prolongement immédiat. État totalitaire, violence des rapports sociaux qui écrasent les êtres, violence des rapports humains qui rongent les âmes.
Il part à la découverte de lui-même, de ce qui peut bien provoquer ces étranges nausées en présence de certaines personnes ou face à certains événements. Tel un moderne Arthur Gordon Pym, référence en contrepoint de ses propres tribulations, le héros perdu verra, au fur à mesure de ses aventures et de ses rencontres, le mystère se lever sur son identité réelle et son passé.
Une voix à vif qui tient le lecteur en haleine, et un thème au cœur de ses romans, celui de la barbarie - barbarie sociale de l’exclusion et du chômage, barbarie politique de l’état totalitaire : deux faces de la même menace -, caractérisent cet auteur érudit qui revendique les influences de Céline et d’Hemingway. Avec cette belle originalité et cette langue vivante, urbaine, Frédéric Castaing est une magnifique découverte, celle d’un auteur français de poids dans le catalogue du Diable.
Hervé Lagoguey
Chronique dans le numéro 66 de SF Mag