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Scén. : Mark Boal
Avec : Jeremy Renner, Anthony Mackie, David Morse, Guy Pearce, Ralph Fiennes, Brian Geraghty.
Distribué par SND
124 mn
Sortie le 23 Septembre 2009
10/10
Dès son second film, Kathryn Bigelow devint une des dix meilleures cinéastes du monde, du moins aux yeux de certains. Avec « Near Dark », elle dépoussiérait le film de vampires en le mélangeant au western crépusculaire, aidé il est vrai par son coscénariste Eric Red (« Hitcher » entre autres...) et par un casting simplement démentiel, mené par Lance Henriksen, chef d’un gang comprenant Bill Paxton & Jenette Goldstein. Puis son heure de gloire vint avec le spectaculaire et plus intéressant qu’il n’y paraissait à première vue, « Point Break » aux superbes séquences de surf, aux poursuites incroyables, au scénario moins basique que prévu, et qui donna à Patrick Swayze peut-être son meilleur rôle. Kathryn Bigelow se réassocia ave Eric Red le temps d’un polar noir avec Jamie Lee Curtis, « Blue Steel », mal aimé par beaucoup, et pourtant si fascinant et si formellement bien réalisé qu’on n’a de cesse de le réévaluer vers le haut à chaque nouvelle vision. Puis vint son ambitieux thriller futuriste, « Strange days » qui fut un cruel échec commercial. Là-dessus, elle enchaine avec son moins bon film (si ce n’est pire...), polar passionnel plan-plan, « Le poids de l’eau » avec Sean Penn, avant de retrouver la niaque avec l’excellent film catastrophe de guerre qu’est « K-19 », récit véridique du sauvetage d’un sous-marin nucléaire soviétique perdu au fond de l’océan, et c’est le duo Harrison Ford-Liam Neeson qui était aux commandes. Avec « K-19 », Kathryn Bigelow en remontra à bien des cinéastes mâles quant à la manière de traiter un tel sujet. Sur cette lancée, quelques années plus tard, aujourd’hui même, Kathryn Bigelow revient avec un film de guerre implacable, impressionnant, violent, fou, une vraie bombe, un pur chef-d’œuvre, « Démineurs ».
En plein cœur des combats irakiens, à Bagdad, le sergent chef James (Jeremy Renner, putain d’acteur, tout simplement, vu en mari de Charlize Theron dans « L’affaire Josey Aimes ») est responsable d’une escouade d’hommes chargés de désamorcer tout engin explosif. Mais là où ces derniers commencent à ne plus pouvoir tenir le coup, James lui plonge complètement dans l’enfer, se stimulant uniquement au travers du danger représenté par n’importe quelle bombe, même au risque de mettre la vie de ses hommes en péril. Et petit à petit, le simple militaire devient progressivement un tout autre soldat, le plus dangereux qui soit.
En prologue, il est cité ceci : « la guerre est une drogue ». Et c’est ce sujet qui a servi de base au nouveau film de Kathryn Bigelow. Et pour mieux nous immerger dans cet enfer, elle utilise les moyens les plus réalistes possibles par le biais de sa mise en scène et de sa réalisation caméra au ras du sol, collant à chaque geste du démineur, nous faisant partager le danger et la trouille de tout voir sauter pour une simple petite et minuscule maladresse. Comme dans ses précédentes œuvres, chaque caractère est fort, individualiste au maximum, pouvant aider les autres comme pouvant les faire tuer. Inutile de préciser que ce traitement au scalpel, à fleur de peau, rend l’intensité du sujet mille fois plus sensible que tout ce qu’on a pu voir jusqu’ici. Aucun parti pris politique n’est proposé, il s’agit d’abord et avant tout d’une histoire d’hommes, qui loin d’être dégoûtés, terrifiés, déshumanisés par ce qu’ils vivent, y puisent simplement la vie qui régit leur quotidien. La démonstration est magistrale, le film un chef-d’œuvre qui vous remuera bien les tripes, bon courage.
St. Thiellement
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