| |
Avec Sienna Miller, Channing Tatum, Marlon Wayans, Dennis Quaid, Joseph Gordon-Lewitt.
Paramount Vidéo
Un des blockbusters de l’été dernier, certainement le plus décrié de tous, tout ça en se reposant sur le projet en lui-même (faire un film sur les personnages « G.I. Joe », en soi, ça n’a rien de palpitant, ces super-soldats hyper-patriotiques américains, ça limite beaucoup de choses...), sur son réalisateur qui après des débuts peu engageants (« Le livre de la Jungle » avec Jason Scott-Lee, hein, pas vraiment le chef-d’œuvre du siècle passé) avant de signer deux excellents films dont un au succès international plus important que prévu soit, dans l’ordre, « Un cri dans l’océan » et « La momie », faisant de Stephen Sommers un nouveau nom des « entertainers » sur lesquels il allait falloir compter maintenant. Sauf que ce grand enfant, comme il est qualifié dans les bonus de « G.I. Joe : le réveil du Cobra », canalise difficilement ses envies et ses folies, ce qui donne une séquelle poussive et limite indigeste (« Le retour de la momie ») et un hommage complètement délirant, énorme, fou, aux monstres de la Universal avec son « Van Helsing » qui se supporte beaucoup mieux passé une première vision extrêmement exténuante (bon, je reconnais, faut avoir envie de le revoir mais comme même lors de cette première vision, il y a quand même de très belles choses dans le film, ça peut se faire et au final, hé bien, la pilule passe mieux...). Aujourd’hui, il s’attaque donc à l’adaptation des aventures des G.I. Joe, avec son sens personnel de la démesure et du n’importe quoi, pour un résultat qui est loin d’être un monument de finesses, certes, mais qui est loin d’être aussi le navet ultime dont il fut qualifié à sa sortie.
L’organisation criminelle Cobra menée par Destro et ses sbires parmi lesquels se trouvent un docteur fou, une mercenaire aussi belle qu’impitoyable et surdouée dans l’art d’utiliser tout armement à sa portée, ainsi qu’une troupe d’autres guerriers parfaits, dérobe une arme de haute technologie sans égale. Pour la retrouver, les gouvernements n’ont plus qu’une solution : faire appel aux troupes G.I. Joe du général Hawk (ben tiens, tant qu’on y est, hein, il ne va pas s’appeler non plus le général Durand ou martin, Hawk c’est tellement mieux !...). Lesquelles viennent d’enrôler deux nouvelles super-recrues qui vont s’entrainer avant de participer aux contre-offensives. Mais pour le capitaine Duke Hauser, le combat sera encore plus dur car il reconnait en la mercenaire de Cobra son ancienne fiancée...
Ca c’est de l’élément scénaristique qui vous enrichit un pur film d’action bourrin. Car même si au final, « G.I. Joe : le réveil du Cobra » se révèle plus distrayant que prévu, ça reste quand même à un niveau bien précis, une sorte de « Bérêts verts » puissance mille avec toute la dernière technologie connue en plus ! Pourtant, des effots ont quand même été faits par rapport au matériau de base : les super-soldats sont universels et non plus uniquement « made in the USA », l’intrigue se positionne dans plusieurs endroits du globe, il y a une plus grande « richesse » (hum, hum...) de la psychologie de certains des personnages, comme celui de la Baroness, cette mercenaire à la solde de Cobra et qui se bat contre son ancien boy-friend. L’ensemble est assorti de cascades complètement folles, exécutées en dépit de la logique (la poursuite dans Paris est à ce titre un sacré moment : tous les décors y passent sans se soumettre à une quelconque véracité sur les endroits traversés au fur et à mesure de la poursuite !), d’effets spéciaux énormes et délirants et là-aussi, parfois un tantinet farfelus (la tour Eiffel qui s’écroule en touchant la berge opposée, par exemple), le tout sous l’œil exigeant et sans limites de Stephen Sommers. Au bout du compte, on obtient une colossale série B d’action, sans une once de réalisme, qui assure au niveau du spectacle mais qui en même temps, a vraiment du mal à construire une réelle histoire au profit d’une surenchère qui peut satisfaire un certain public mais aussi en rebuter un autre. Aujourd’hui, le support vidéo permet à tout un chacun de se faire une idée et on en peut qu’admettre que le film est fou mais en même temps, attachant tant il est divertissant, un vrai plaisir coupable. L’édition Blu-ray lui offre un support qui met en avant ses qualités esthétiques avec comme résultat une copie simplement magnifique. Par contre, question bonus, c’est bien plus pauvre. Outre le commentaire audio de Sommers (mais qui osera revoir le film avec ?), on a droit à du promotionnel : un making-of lambda et un documentaire sur les effets spéciaux. Et voilà, malgré tout ça, il faut voir « G.I. Joe : le réveil du Cobra » pour se rendre compte que cela n’est pas aussi pourri qu’on le dit. Pas le meilleur de Sommers, mais toujours mieux que « Le livre de la jungle » !
Note film : 7/10
Blu-ray : copie magnifique, format d’origine 2.40, image 16/9ème anamorphique - Bonus : 4/10 : commentaire audio de Stephen Sommers & Bob Ducsay - making-of - les effets spéciaux du film.
St. THIELLEMENT
Said Taghmaoui : interview avec l’acteur français de « G.I. Joe : Le Réveil du Cobra »
Découvert dans « La haine » de Matthieu Kassovitz, Said Taghmaoui finira par tenter sa chance outre-Atlantique, après quelques œuvres sur le territoire (« L’homme de la riviera » de Neill Jordan, qui déteste ce titre au passage, « Vivante », « Entre chiens et loups », ...). On le voit ainsi dans « Les rois du désert », et plus récemment dans « Angles d’attaque », l’excellent « Hidalgo », la série « Lost » et aujourd’hui « G.I. Joe : Le réveil du Cobra » dans lequel il est Abel « Breaker » Shaz, l’as des as de l’informatique.
J’avais raté le film à sa sortie, je viens de le découvrir en Blu-ray et je dois avouer qu’en tant que pur divertissement, j’y ai pris du plaisir...
Saïd Taghmaoui : Mais c’est normal, c’est le but premier du film, il est ni plus ni moins, qu’un gigantesque cartoon en live, où il ne faut pas se prendre la tête, et simplement se laisser porter par une action non-stop, des effets spéciaux délirants, le tout emmené par de super-soldats !
La pré-production d’un tel film, habituellement, se construit en plusieurs mois ; ici, elle s’est très vite mise en chantier pour une date de sortie déjà fixée qui ne pouvait être changée. Comment avez-vous été embarqué dans le film, et n’était-ce pas trop dur de supporter une telle pression ?
ST : Mon implication s’est faite simplement et rapidement par l’entremise du producteur Lorenzo Di Bonaventura avec qui j’avais déjà travaillé sur « Les rois du désert » et avec qui j’étais resté très proche en contact lointain. Entre temps, il est devenu un des plus grands producteurs hollywoodiens, et par respect pour mon travail et mon évolution, il m’a proposé le rôle, sans lire le scénario, en me disant juste : « Saïd, ça c’est pour toi ! ». Donc après, quel que soit la difficulté de l’entreprise, si on accepte le rôle, on accepte tout. Et oui, avec Stephen, on en perd pas de temps, c’est certain.
Un des bons points du film, c’est de s’éloigner des personnages très patriotiques et républicains de base pour dès le début, annoncer que les G.I. Joe sont les meilleurs éléments universels qui soient...
ST : Complètement, c’est un peu l’armée du futur, peu importe là d’où tu viens. Les américains se prennent moins la tête que nous sur ce sujet. En France, je n’aurais jamais pu jouer un tel rôle. Là-bas, ils s’en foutent, ce qui importe c’est le rôle, celui que tu endosses, et là, c’est un « breaker », un as de l’informatique et il peut venir de n’importe quel autre pays...
Le film est bourré d’effets spéciaux en CGI, à savoir que lors du tournage, vous ne voyez quasiment rien de ce qui sera à l’écran et qui sera créé ultérieurement. C’est la première fois que vous jouez dans un tel film, n’était-ce pas trop difficile parfois ?
ST : C’est une toute autre façon de travailler. C’est une expérience inédite, du moins avec les effets spéciaux. Parce que le « gros » films, j’en ai déjà fait, comme « Hidalgo » par exemple. Mais avec autant d’effets spéciaux, c’est la première fois. Tout est axé sur ça, et là, c’est de la dimension de « Star Wars » quoi ! Donc, là, c’est autre chose, faut faire travailler son imagination. C’est un travail fait avec de la mémoire sensorielle quoi : tu prends une douche mais il n’y pas pas d’eau, tu fais comme si. C’est ce qu’on appelle dans le jeu d’acteur la mémoire sensorielle. Mais j’ai trouvé ça comme de jouer avec la nouvelle PlayStation. Mais en même temps, chaque acteur a sa place, son importance, personne n’est inutile quoi.
Dans les bonus, à un moment donné, Channing Tatum parle de son rôle avec un peu d’amertume, il dit qu’il a joué une scène mais qu’après, « je ne sais pas, ce n’est plus moi, c’est une image... », ce qui laisse entendre que ce n’est pas la meilleure expérience de sa carrière...
ST : Oui, je pense surtout que c’était très dur pour eux, ils avaient des combinaisons très lourdes et à la fin de la journée, ça peut se comprendre qu’on en ait marre. Déjà la mienne n’était pas légère, alors j’imagine que la leur, encore plus complexe, devait les fatiguer plus rapidement...
On connait Stephen Sommers pour ses autres films, comme « Un cri dans l’océan », « La momie », du moins le premier, j’aime moins le second...
ST : Ah oui, oui, j’adore « Un cri dans l’océan », « La momie », mais je crois qu’après il a lâché, non, le troisième, c’est lui ?...
Non, ce n’est pas lui. Et justement, Marlon Wayans dans les bonus, l’imite en pleine activité, avec la langue qui sort de la bouche sur le côté, comme un gosse, et en disant que ce type est comme un grand enfant jouant avec des jouets extraordinaires...
ST : Complètement. C’est simple, j’ai rencontré des gens lors des films, de toute ma carrière, de toute ma vie, j’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi speed. Il a cinquante cerveaux, il fonctionne à cinquante mille à l’heure. On peut lio proposer des choses, il les écoute et il acceptera mais il passe tout de suite à autre chose, faut s’accrocher pour le suivre. Pour le suivre, faut déjà être un acteur qualifié, avoir beaucoup de confiance en soi. C’est une machine. Et si tu doutes, avec lui, il n’y a pas de place pour le doute, et le doute quand t’es pas au mois d’Août, hé ben... Ca caille un peu en hiver, le doute ! (!!!). Mais il sait ce qu’il fait, il compose très bien entre effets spéciaux et les acteurs. J’avais jamais vu quelqu’un comme lui jusqu’à présent.
Il y aura d’autres films « G.I. Joe » ?
ST : On a signé pour trois films, maintenant, j’ai posé la question, c’est en cours de développement, il faut attendre mais ça ne saurait tarder.
Propos recueillis par St. THIELLEMENT.
|