| |
Réal. & scén. : Peter & Michael Spierig
Avec : Ethan Hawke, Claudia Karvan, Sam Neill, Willem Dafoe, Isabel Lucas.
Distribué par Metropolitan Filmexport
98 mn
Sortie le 3 Mars 2010
Note : 9/10
Le vieil adage « C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures » n’est pas prêt de disparaître. Par exemple, dans le fantastique, les thèmes les plus anciens arrivent encore à surprendre par un traitement inédit des bases de leurs légendes. Le vampirisme, tout le monde connaît, et automatiquement, on citera « Dracula ». Mais combien d’œuvres littéraires et cinématographiques ont réussi à enrichir encore plus ce domaine sans pour autant le trahir. Soit en y apportant une nouvelle idée ou théorie, soit en le traitant d’une façon originale, etc. Donc, dans le genre, le cinéma a fait du chemin depuis « Dracula » comme l’ont prouvé de petits bijoux et autres excellents films tels que « Thirst » de Rod Hardy, « Les prédateurs » (le premier film de Tony Scott, bien meilleur que le roman d’origine de Whitley Strieber), même « Génération perdue », le sublime « Near Dark », « Blade 1 & (surtout) 2 » on oublie le 3, hein !), « Vampires » de John Carpenter et dernièrement « 30 jours de nuit » et « Morse ». Aujourd’hui, la dernière révélation vient d’Australie, c’est le second film des frangins auteurs du très moyen « The Undead », mais là, ils passent carrément à la vitesse supérieure avec une œuvre brassant la science-fiction, le fantastique, l’horreur, bourrée d’idées, au résultat final qui a vraiment « de la gueule », surprenant, soigné, intelligent, quasiment tout pour plaire, limite à deux doigts de la perfection.
En 2019, la race humaine n’est plus l’espèce dominante, elle est devenue l’aliment principal des vampires suite à un incompréhensible et abominable fléau. Hommes, femmes et enfants sont stockés pour leur sang. Mais les réserves s’épuisent trop rapidement. Edward Dalton est un vampire œuvrant au sein d’un consortium pour créer un sang artificiel. Lui-même refuse tant qu’il peut le sang humain. Un jour, il rencontre Audrey, une humaine qui va l’emmener voir un homme, Elvis, lequel semble avoir trouvé le remède à cette apocalypse. Mais pour Edward, le temps est compté car l’extinction de la race humaine est proche, tellement proche...
Ça commence comme un film d’anticipation où très vite, on découvre l’horrible réalité : l’homme n’est plus qu’une proie, toute civilisation est gouvernée par les vampires, et la vie se passe la nuit. Une fois le décor et l’époque plantés, « Daybreakers » plonge dans l’horreur avec le plus vaste des génocides annonçant la fin prochaine de l’espèce humaine. En même temps, le vampirisme ne se canalise pas assez, le sang est trop demandé par rapport à l’offre, et les vampires se transforment en prédateurs pour ceux de leur propre race qui dégénèrent faute de boire suffisamment de sang. Grandeur et décadence des sociétés nouvelles, miroirs de nos mondes actuels, et éléments types de la série B : des monstres vampires, des séquences gore, des chasseurs de vampires armés d’arbalètes de toutes sortes. Sans oublier la dualité humain-vampire au travers d’un personnage, un savant cherchant à sauver son ancienne race, ou au travers d’un père et d’une fille. Les idées ne manquent pas dans « Daybreakers », parfois folles, parfois surprenantes car bien pensées par rapport au contexte exploité. Nanti d’un budget « modeste » de 20 millions de dollars, les frères Spierig arrivent à concrétiser au mieux ce qui est sorti de leur imagination, utilisant l’Australie comme terre future de désolation, tant dans les villes que dans les campagnes, donnant de plus à leur film un petit côté road-movie qui vient s’ajouter aux autres inspirations diverses. On peut à la rigueur leur reprocher quelques manques de rigueur sur certains points du scénario, mais dans l’ensemble, leur passion du sujet et la force de leur mise en scène forcent le respect et confèrent à leur film toute la puissance nécessaire pour en faire un excellent film de vampires, le meilleur depuis « 30 jours de nuit » auquel il s’apparente le plus. Tout comme ce dernier, « Daybreakers » est de la série B haut de gamme, pas parfaite, mais qui, en l’état, peut en remontrer à bien des cinéastes du genre quant à l’art difficile de faire du neuf avec du vieux.
St. THIELLEMENT
|