– Hier, les parents de Masamaku Yamamoto que votre fils a battu à mort il y a quatre ans ont déposé une demande de vengeance auprès du tribunal. C’est notre bureau qui a été chargé de son exécution.
Mizoguchi exerce la fonction d’exécuteur suppléant. Dans ce Japon en guerre contre les forces chrétiennes il apprécie la nouvelle loi sur la vengeance autorisant les familles des victimes à demander réparation. Ainsi il peut légalement appliquer son instinct de prédateur sur des proies. Même si la cible reçoit également une arme et a le droit de faire appel à des
protecteurs ( parfois commis d’office) Mizoguchi sait qu’il est un exécuteur efficace. Il doit cependant se soumettre à la réglementation (le nombre de coups pouvant être tirés est limité). Tout est prévu y compris la possibilité d’abattre un membre de la famille de la cible si elle s’interpose.
Malheureusement aujourd’hui il doit également former deux nouveaux. Ichirô Yamada est un bleu enthousiaste ( il a tenu à préciser que son animal préféré est le panda). Il se voit comme un justicier combattant les méchants. Kanô Hiroshi quant à lui semble indifférent à sa mission. Pour lui il ne s’agit que d’un travail.
Mizoguchi ignore bien des choses sur Kanô. Outre son passé militaire trouble et son instinct l’avertissant du danger Kanô discute souvent avec des personnes qu’il est le seul à voir. Par contre Mizoguchi se souvient avoir heurté Kanô dans la rue. Mais alors qu’il s’apprêtait à saisir ce prétexte pour déchaîner sa violence il a connu un mystérieux trouble de la perception qui l’a empêché de percevoir distinctement Kanô, dont la silhouette a fini par disparaître dans la foule.
Dans le système de valeur simple de Mizoguchi, son collègue constitue t’il une proie ou bien un prédateur ?
Difficile de ne pas songer au manga Ikigami où l’exécution est institutionnalisée. Si le contexte différent on remarquera que dans les deux cas le niveau technologique est le même que celui du Japon contemporain. On aperçoit dans le ciel ce qui semble correspondre à la silhouette d’un missile de croisière américain juste avant que retentisse une explosion.
Mais Freesia se situe également dans la lignée de Death Note qui propose une méthode radicale devant les disfonctionnements de la justice japonaise.
Damien Dhondt
Scénario & Dessin Jiro Matsumoto _ Fresia tome 1 _ Traduction : Thibaud Desbief & Josselin Moneyron Lettrage : Jérémie Boudet _ Edition : Kaze _ mars 2010 _ Inédit, poche, sens de lecture japonais, 224 pages noir & blanc _ 7,50 euros
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