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Scénario : Wesley Strick & Eric Heisserer, d’après les personnages créés par Wes Craven
Avec : Jackie Earle Haley, Kyle Gallner, Rooney Mara, Katie Cassidy, Clancy Brown
Distribué par Warner Bros. Entertainment France
95 mn.
Sortie le 12 Mai 2010.
Note : 1/10.
Le jour où Michael Bay annonça qu’il créait une société qui se spécialiserait dans les remakes de célèbres films de genre, plus particulièrement d’horreur, et que cela commencerait par « Massacre à la tronçonneuse », tout le monde resta dubitatif, sceptique, voir carrément hostile pour certains. Sauf que le « Massacre à la tronçonneuse » de Marcus Nispel s’avéra une bombe au vu de l’excellente surprise qu’elle fut. Par la suite, Platinum Dunes (la boite de Bay) produisit « Amityville », au résultat inférieur à « Massacre à la tronçonneuse » mais qui finalement se révéla plutôt bon quand on se souvient de la médiocrité de l’original (des « Amityville », on sauvera « Amityville le possédé » de Damiano Damiani, autrement, tous les autres sont de sombres navets... A un degré moindre pour le quatrième...). Mais quand il s’attaque à un second chef-d’œuvre, le résultat est catastrophique comme l’atteste le très mauvais (si ce n’est pire !) « Hitcher ». Ensuite, Bay réembauche le teuton fou Marcus Nispel pour signer un « Vendredi 13 » de prime abord assez terne avant de se bonifier à la seconde vision (sans pour autant atteindre de grands sommets, loin de là même !). Et aujourd’hui, c’est la meilleure œuvre originale de Wes Craven qui a droit à une lifting Platinum Dunes, à savoir « Les griffes de la nuit » qui vit la naissance d’un des plus célèbres boogeymen du genre, Freddy Krueger. Encore un qu’on attendait au tournant, mais avec le secret espoir de découvrir une réussite aussi impressionnante qu’inattendue que fut celle de « Massacre à la tronçonneuse ». Impressionnant et inattendu, oui, mais par la taille de l’échec du film, certainement le pire remake produit par Platinum Dunes.
Dans une petite banlieue tranquille américaine, un groupe d’adolescents se rend compte que chacun d’entre eux fait des cauchemars ayant comme point commun un homme défiguré armé d’un gant muni de couteaux transformés en griffes. Quand ils commencent à mourir de façon abominable, ils vont alors tout mettre en œuvre pour découvrir l’identité de ce tueur qui les tue dans leurs rêves, et pour cela, fouiller dans le passé quitte à découvrir un abominable secret enfoui par leurs propres parents et que leur fait payer aujourd’hui celui dont ils connaissent au moins le prénom : Freddy.
Le film original était, et est toujours, un modèle d’épouvante onirique emmené par un personnage complètement fou, Freddy Krueger que campa l’acteur Robert Englund avec une telle maestria que c’est à lui qu’on doit à Freddy de vivre et ce au long des huit films dans lesquels il sévit. Avec de tels postulats à la base, un remake doit s’envisager en gardant le personnage principal, en revoyant la copie d’origine, et surtout en trouvant l’acteur qui saura faire oublier Englund. Ce qu’on ne retrouvera jamais dans « Freddy les griffes de la nuit » : il s’agit d’une copie quasi conforme, avec un élément novateur, celui du passé de Freddy traité comme un faits divers et qui est sensé amener un nouveau suspense. Nada, on n’y croit jamais, le pire étant ensuite que Samuel Bayer n’est simplement pas le gars qu’il fallait déjà pour signer un film d’épouvante : il ne génère à aucun moment la moindre parcelle de peur, n’installe jamais une ambiance de terreur et d’onirisme cauchemardesque. Comme quoi déjà, œuvrer dans l’épouvante n’est pas donné à tout le monde... Passé donc ce scénario sans réelle surprise (et pourtant, Wesley Strick, le scénariste, vous en vantera les mérites en long, en large et en travers, on lui doit peut-être « Coupable ressemblance » ou « Les nerfs à vif » de Scorcese, il a aussi signé « Wolf », ah, oui, ceci explique cela...), une réalisation des plus ternes, il reste Freddy, celui sur qui tout devait reposer. Sauf que remplacer Robert Englund en imitant Robert Englund n’est pas du tout une bonne idée. En plus, Englund paraissait gentil avant de sombrer dans la folie d’un simple regard ; Jackie Earle Haley ne parvient jamais à jouer sur cette schizophrénie par souci de réalisme mais qui au final n’a pas lieu d’être car c’est oublier l’aspect complètement fantastique de l’histoire. Et quant à son maquillage, il rappelle celui des « félidés », les créatures mi-humaines, mi-félines de « La nuit déchirée » ! Inutile alors de préciser que tout cela s’étire sur une heure trente sans jamais parvenir à passer devant la moindre scène du « Nightmare on Elm street » original. L’échec est total, prouvant en même temps l’inutilité du remake dans les certains cas si il n’y a pas une complète relecture du sujet de départ. Et autant, les deux premiers films de Craven, « La dernière maison sur la gauche » et « La colline a des yeux » donnèrent des remakes excellents qui aujourd’hui prennent aisément la place de ces (médiocres voir pire) films, autant celui qu’on peut légitimement considérer comme son chef-d’œuvre, malgré un petit coup de vieux, ne méritait certainement pas ce remake qu’on a déjà oublié.
Stéphane Thiellement
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