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Avec Clint Eastwood, Gene Hackman, Ed Harris, Scott Glenn, Laura Linney, Judy Davis, Dennis Haysbert
Warner Home Vidéo
Et un autre Eastwood issu de la salve de Blu-ray qui lui est consacrée. Après « La relève » (chronique sur le site), voici donc un autre polar qui, pareillement, s’est
fait approprier par l’acteur-cinéaste pour en faire le film qu’il voulait. Inégal, « Les pleins pouvoirs » se révèle plus réussi dans ses intrigues parallèles que dans son complot central, une faiblesse certainement due à un Gene Hackman pas très convaincant en président des USA... Quant à l’édition Blu-ray, à film plus récent, meilleure copie et là, on ne peut que lui reconnaitre une meilleure qualité que celle, déjà belle certes mais pas non plus extraordinaire, de « La relève ».
Luther Whitney est un cambrioleur de métier. Mais qui en fait presque un art, tant il y met de la préparation et qu’il ne choisit pas ses cibles au hasard. Ce soir-là, il projette de visiter la maison de Walter Sullivan, un des hommes les plus riches et influents de Washington. Mais en pleine action, Luther est dérangé par l’arrivée imprévue de la très belle Mme Sullivan accompagnée de son amant. Caché dans une pièce secrète séparée de la chambre par un miroir sans tain, Luther va assister impuissant à une scène de violence qui se soldera par des coups de feu tirés par les services secrets du président des USA qui accompagnaient ce dernier dans la demeure de sa maitresse ! Pour Luther, la fuite est inévitable qu’ils savent que quelqu’un a tout vu. Mais devant l’hypocrisie du président Alan Richmond, Luther va décider de confondre l’assassin. Ce qui va le mettre en danger, ainsi que la personne auquel il tient le plus : sa fille.
Polar classieux, raffiné, élégant, intelligent, savoureux, surtout au travers des petits détails entourant le meurtre principal. On s’attachera donc plus au flic coriace que joue Ed Harris et qui est gauche quand il tente de séduire la fille de Luther, aux dilemmes moraux des gardes du corps interprétés par Scott Glen et celui qui sera président dans les premières saisons de « 24 heures chrono », Dennis Haysbert. Et surtout au portrait de cet homme qui vit de son don, celui d’être un cambrioleur très « old school », donc discret et ne s’attaquant qu’à ce qui l’intéresse. Et qui cherche à renouer avec sa fille, qu’il a négligé du temps où il ne pensait qu’à son activité, quitte à savoir qu’n jour, il ferait un long séjour en prison. Leur relation est touchante, et de nouveau, même si ce dernier ne l’admettra jamais, on y voit Clint Eastwood tentant d’être le père qu’il aurait voulu être pour sa fille. Un leitmotiv dans sa carrière, avec en point culminant le magnifique « Million dollar baby ». Ce sont tous ces éléments qui font des « Pleins pouvoirs » un polar certes classique, pas parfait, avec une trame centrale qui se voit littéralement occultée au profit de ces petites sous-intrigues qui recèlent en plus parfois quelques savoureux moments comme le tête-à-tête, véritable jeu du chat et de la souris entre Eastwood et Harris. Comble de bonheur (celui de revoir un film véritablement très plaisant), la copie Blu-ray est magnifique, mais l’édition est pauvre : à part une bande-annonce, il n’y a rien. Qu’importe pour une fois, le film mérite une bonne place lui-aussi à l’instar de « La relève », dans la section Eastwood de votre DVD ou Blu-ray - thèque. Si polar noir il y a , c’est aussi un regard sur des personnages vivant en solitaire car ils ont du mal à partager et exprimer leurs sentiments. Quant à l’intrigue principale, s’il fut une époque où Clint Eastwood accordait plus de sérieux à la politique (comme quand il finança une opération de sauvetage de prisonniers de guerre au Viet-Nâm, et qui se solda par un fiasco total...), aujourd’hui, son regard est plus réaliste sur cet univers, voir plus cynique. Fidèle à lui-même, quoi.
Note film : 8/10
Blu-ray : copie excellente, format d’origine 1.85, image 16/9ème - Bonus : 0/10 : bande-annonce.
St. THIELLEMENT
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