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Sommaire - Interviews -  James Barclay


"James Barclay" de Par Emmanuel Collot


Samedi 14 heure 45. Mon carrosse s’arrête au centre ville, place constamment baignée de lumière quelque soit le temps. Je descends, et sans un regard pour le cocher aux yeux pourpres et aux oreilles éffilées bien trop occupé à siroter son hydromel, je hâte le pas vers cet entretien auquel m’a convié le hasard malicieux ;
Son nom ? Barclay, James Barclay, dernier arrivé sur la scène littéraire et nouvelle étoile montante de la fantasy anglaise.

Le soleil moribond étale une légère patine dorée sur la ville qui semble l’accueillir comme la caresse promise par quelque amant de passage. Les gens ont ce regard porté vers cet ailleurs, comme si chacun attendait que quelque chose se passe, ce je ne sais quoi qui les rend si impatients comme des enfants. Moi je me précipite vers cette rencontre incroyable. Un maître anglais dans cette ville jadis si tranquille. Le sourire au coin des lèvres je rentre dans la librairie de Provence. Un bonjour à Stéphanie qui est toujours aussi belle. Je monte, fébrile, au premier étage et y trouve Laurent, le jeune apprenti scribe et magicien à ses heures perdues.

Son salut chaleureux me rassure et c’est l’air apaisé que je vois enfin cet auteur si célébré en ses terres moirées de brumes et d’autant de mystères. J’attends mon tour avec l’impatience d’un enfant au cinema, puis m’assois en face de lui. A le regarder ainsi si flégmatique on pourrait croire qu’il serait un monsieur bien rangé de la society, mais son regard rêveur et son faux air boudeur, ce sourire d’enfant amoureux font plutôt penser à quelqu’un ayant bu à l’eau qui coule en d’autres terres et dont l’ivresse ne le quittera plus jamais.

Accoudé à la table sous l’arche des entretiens infinis je me lance dans une petite conversation avec l’homme et l’oeuvre. Alain Névant des éditions Bragelonne, son génial découvreur, nous regarde de ses yeux bienveillants et le monde s’éfface. Nous nous trouvons dans la salle d’une ancienne auberge léchée par la lumière pâle de quelques bougies fondues qui ont l’air de vieux champignons rabougris sans âge et nous commençons cette interview en Faërie.......

sf-mag : Bonjour James et bienvenue à Aix-en-provence. James, te serait-il possible de nous dire ce qui t’a amené à l’écriture de cette saga ? As tu eu des lectures déterminantes pour l’édification de ta saga ?

J.B : Et bien, contrairement à ce qu’on pense en règle générale, mon inspiration ne fut pas vraiment littéraire. Je vais en décevoir certains mais Dickens c’est trop vieux dans mes souvenirs d’écolier. Ma passion pour le genre est née avec les lectures que j’ai pu faire de Howard, Moorcock et Saunders, et maintenant Terry Pratchett qui touche au sublime. Non, ma source d’inspiration principale reste la pratique des jeux de rôle qui furent pour moi autant d’exercices nécéssaires à la maturation de mon imagination. Ce qui finira par donner le monde des Raven.

Le jeux de rôle est un processus déclencheur pour la création, pas une technique d’écriture. Elle est un processus de mise en branle de l’imagination créatrice, pas un moyen d’éxpression comme beaucoup le pense, ce qui donne des oeuvres parfois sans âme. La technique se travaille ensuite de façon individuelle ou par la participation à des ateliers d’écritures. Moi je me suis fais tout seul, mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas lu ni travaillé mon écriture.......

sf-mag : En te lisant, il semblerait que ton cycle, tout en s’inscrivant dans la High Fantasy, semble brasser plus large. Ainsi, à la thématique du groupe d’aventurier issu des catégories socio-culturelles classiques (magicien, elfe, nains, aventurier, voleur, etc...) tu y as ajouté des éléments issus de traditions différentes comme la fantasy barbare.

J.B : Effectivement, j’ai préféré sortir des cadres traditionnels de la fantasy stéréotypée à la tolkien.

sf-mag : Le barbare est évidemment un hommage à Howard et Moorcock ?

James Barclay sourit malicieusement en signe d’approbation.

sf-mag : James, toi et David Gemmell faites partie à l’heure actuelle des écrivains de fantasy les plus lu en Angleterre et dans le monde, as-tu déjà songé à une écriture à quatre mains ? Le croisement de deux styles peut parfois donner de belles choses comme par exemple Stephen King et peter Straub.....

J.B. : Il est vrai que c’est une idée qui ne serait pas pour me déplaire. Cela pourrait donner un cocktail détonant.....Mais disons que le problème qui se pose pour le moment est double. D’une part le planning. David et moi n’avons pas forcément les mêmes horaires. Ensuite nous n’avons pas la même façon d’écrire, ni de concevoir une histoire. Nous sommes peut-être trop habitués à écrire dans notre coin en se gardant bien d’être recopié par nos camarades de classe. Mais même si l’entreprise ne serait pas aisées cela me laisse rêveur. Qui sait, peut-être un jour ............

sf-mag : Connais tu la fantasy française, et si oui qu’en penses tu ?

J.B. : je connais Henri Loevenbruck ainsi que Ange, mais malheureusement il y a peu de traductions de fantasy française en Angleterre, donc peu de possibilités d’en juger la qualité que je pense être grande.

sf-mag : Quels sont tes projets d’écritures après cette deuxième trilogie des Raven ?

J.B. : Après les Raven je pense me lancer dans une autre saga de fantasy, mais je songe également à un space opera dans la lignée du cycle de Traquemort de Simon R. Green (le tome 3, La Guerre, sort en Août chez Atalante) avec la même verve, une science fantasy de haute volée, alerte et aventureuse, pleine de personnages hauts en couleurs pour revenir aux récits de Science-fantasy où le magique se mariait merveilleusement aux vaisseaux spatiaux.....

sf-mag : Tu pense poursuivre toujours dans le même genre de fantasy ou revenir à Tolkien pour tes prochaines sagas ?

J.B. : Je reste fidèle à moi-même, mais en Angleterre on parle de la plupart des cycles de fantasy en terme d’Heroic Fantasy Adventures. C’est un terme plus rassembleur et moins codifié.

sf-mag : Je te remercie James et te donne donc rendez-vous pour ton futur Space opera que je devine aussi fascinant que le reste de toute ton oeuvre.

J.B. : Merci à toi pour ce temps partagé.
James sourit, il a ce je ne sais quel air à la Peter Pan qui invite à la conversation libre et ouverte, mais il a en même temps lové quelque part en son esprit les secrets d’une oeuvre qu’il garde comme un enfant le ferait d’un jouet, c’est ce qui paradoxalement le rend si agréable et si modeste.........

Le rideau se lève et je sors. Le ciel s’est obscurci mais il semble qu’au coeur de la ville sommeille un enchantement. Et c’est avec cette pensée que j’en déduis quelques considérations inactuelles sur l’éxistence et sur la fantasy comme genre, sur sa nécéssité afin de réenchanter le monde. Il est 16 heure 30 à ma vieille montre à gousset. Je croise le regard d’une jolie femme et j’ai envi de l’embrasser. Et ensuite ?
Ensuite, rentrer chez moi et écrire. Mais où est-ce chez moi ? Ah oui, je me souviens ! Seconde étoile à gauche et tout droit jusqu’au matin. Là haut dans le ciel crémeux je crois deviner la fragile ésquisse d’un visage féminin. Je ne la connais pas et pourtant son sourire discret m’est étrangement familier............




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