"La quête des héros perdus - L’écho du grand chant"
David Gemmell
Editeur :
Bragelonne
"La quête des héros perdus - L’écho du grand chant"
David Gemmell
Pour quelques Gemmell de plus
10/10 - 10/10
Gemmell n’en fini plus d’être publié en France et les amateurs lassés des Tolkineries qui envahissent le marché depuis de nombreuses années ne s’y sont pas trompés. Ainsi en septembre 2003 et février 2004 le conteur des cimes guerrières a ajouté deux nouveaux opus à sa geste. Désolé pour les délicats du palais, mais depuis Howard et désespérant de ne pouvoir un jour lire dans leur intégralité les oeuvres de Charles Saunders, Karl Edward wagner et Carl Sherrell, il a bien fallut que le lecteur avide de saga barbare trouve une nouvelle icône éditoriale à adorer et à dresser fièrement face aux Tad Williams, Robert Jordan et consoeurs. Ce fut chose faite quand émergea le grand Gemmell par la taille ( deux mètres) et par le talent. Ainsi, faisant suite Au Roi sur le seuil, La quête des héros perdus conte la quête lyrique d’un jeune villageois idéaliste et rêveur, Kiall, pour sa dulcinée, Ravenna, enlevée par les terribles guerriers nadirs. On assiste alors au bon vieux parcours du guerrier solitaire, plus sociable quand même que les sombres héros de Howard happés qu’ils sont par leur solitude et leur vindicte. Non, les héros de Gemmell ne sont pas de tristes personnages et Kiall de se trouver, ou plutôt ce sera le destin (ce deus ex-maquina qui se résume finalement au hasard bienheureux seul vraie déité du guerrier barbare) qui va dresser sur son chemin Les Héros de Bel-azar. Stéréotypes ? Oui, certainement, mais une saveur du style sans fioritures, un langage populaire pour rendre ces héros attachants et profondément humains, tous ces attributs du récit populaire guerrier font recette. On suivra alors avec entrain Beltzer le géant à la puissante hache guerrière buveuse de vies, les deux archers Finn et Maggrig, Chareos, le maître d’arme dernier compte de bronze. D’une quête qui paraissait simple au départ la geste des héros va se transformer en une saga à l’intrigue complexe. Même si on pourra être un peu déçu par le fait que cette intrigue et le manichéisme ne soient pas assez marqués voir plus travaillés, la gouaille des personnages a cette même saveur qui est une des qualités de l’auteur, et au final sauvent la mise. Récit appelant à une suite plus spectaculaire, on pensera plus à une histoire tampon à la manière des longues sagas poussives à la Conan où parfois se démarquait une baisse de la tension dramatique voir une ab-sence de véritable souffle pour accompagner la geste des guerriers. Il faut être patient, la mythologie de Gemmel est très originale, les baisses de qualité dû à la redite ne sont pas si grave que cela, le plaisir est quand même là. Quand à L’écho du grand chant, Gemmell nous y relate l’histoire d’un empire, celui des Avatars devenus immortels grâce au pouvoir des cris-taux. L’auteur nous rejoue l’histoire du déluge puisque ce gigantesque empire est détruit par un cataclysme causé par un séisme. Le monde submergé par les eaux traverse alors une nouvelle période de glaciation, les cristaux sont perdus et les peuples soumis au joug se soulèvent. Or un beau jour les anciens maîtres et leurs esclaves vont devoir allier leurs maigres forces pour faire face aux hordes de la Reine de Cristal qui vont déferler sur leur monde. Gemmell nous la fait de nouveau façon quête unissant plusieurs héros aux vertus différentes. Mais cette fois-ci la sauce prend. Talaban, un guerrier avatar hanté par son passé, Touchepierre, autochtone mystique habité par un amour perdu qu’il recherche en vain, Viruk le fou qui voulut un jour être un dieu, Anu, un saint homme Bâtisseur du temps et Sofarita une paysanne très jeune dont le destin est de donner naissance à une légende, tous ces héros tirés de la besace magique du scribe Gemmell s’embarquent pour une aven-ture aussi vaine soit-elle. A la lecture de ce roman à part il y a le même sentiment de jubilation que dans Légende et cette attitude nordique de faire fit du destin et de la mort, inévitables et intimes compagnons des hommes. Nous partons alors dans une Atlantide rêvée par son auteur où la quête tiendra entièrement dans le célèbre vers de Baudelaire : qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Et après une première partie plus posée et moins lyrique on retrouve ce même magnifique déses-poir qui a uni tellement de lecteurs autour de Legende. Du grand Gemmell.
Emmanuel Collot
La quête des héros perdus, L’écho du grand chant, David Gemmell, traduit de l’anglais par Alain Névant, Couvertures de Didier Graffet, Bragelonne, 20 Euros par volume.