– John Roxton !
– Ed Malone !
Maintenant que deux des principaux héros se sont présentés, intéressons nous au sujet, à savoir le remake du Monde Perdu d’après le roman d’Arthur Conan Doyle publié en 1912.
Dans celui-ci une expédition scientifique partait explorer un plateau isolé au coeur de l’Amazonie où depuis la préhistoire avaient survécu dinosaures et homme-singes.
Après plusieurs adaptations cinématographiques et télévisées il convenait de renouveler le mythe. Bob Keen l’avait déjà fait en 1998 en déplaçant l’action en Mongolie.
L’étape suivante a constitué à moderniser le contexte en plaçant l’action dans le monde moderne. Parmi les rescapés d’un crash aérien on trouve des personnages portant les mêmes noms que ceux du roman dont une certaine Rita Summerlee. Summerlee ? En effet le professeur Summerlee du roman a été féminisé. Mais c’est la personnalité des héros qui a été le plus modifiée. Ainsi l’irascible professeur Challenger est devenu un personnage glacial dissimulant bien des secrets. Il ne serait jamais venu à l’esprit du Challenger original de cacher quoi que ce soit, ni de menacer Malone d’un pistolet. Le très expansif professeur Challenger préférait utiliser ses poings !
Cette nouvelle version se révèle à première vue réaliste. Difficile d’ignorer à notre époque la présence d’animaux préhistoriques grace aux nombreux satellites en orbite. Aussi il est indiqué à la fin du film que l’avion a traversé le Triangle des Bermudes. Problème : il ne s’agit pas d’une île. Malone et Roxton mentionnent le fait que la mer est à l’Est dans cette région, ce qui implique qu’il s’agit du continent. De plus Challenger avait l’intention de se rendre dans cette région à pied après une escale aérienne. Si cette Terre dangereuse ne constitue pas un monde isolé géographiquement on se demande pourquoi les créatures qui la peuplent ne se répandent pas sur le continent américain.
Car quelque soit l’adaptation on trouve des monstres divers. Mais ici point de dinosaures. Insectes et scorpions géants fréquentent les plantes carnivores, des dragons et un invité surprise. Enfin presque...car les héros se demandent pourquoi a été construit une si gigantesque fosse destinée à un énorme gibier. Ils auront la réponse avec l’apparition de la créature ultime, le big boss de fin de niveau dont le nom n’est jamais prononcé par les indigènes. Cette incertitude aurait pu générer une importante tension dramatique. Or le spectateur assiste à son apparition au début du film où une hôtesse de l’air isolée lui sert de hors-d’oeuvre.
C’est le moment de préciser que le Monde Perdu ne constitue pas la seule source d’inspiration. L’ultime menace se trouve être un gorille géant, auquel la peuplade locale offre une jeune fille en sacrifice. Le nom de King Kong n’a pas été prononcé, sans doute pour un problème de droit.
Mais on trouve également de nombreuses références à la série TV Lost : la recherche de la balise, le bricolage d’une radio pour appeler du secours, l’enlèvement par un groupe d’humains hostiles et l’avion coupé en deux. Quant à la fin elle ressemble beaucoup à celle du film "Le Sixième Continent" (2).
On trouve quelques astuces scénaristiques qui génèrent l’inquiétude. Ainsi Malone et Roxton constatent que le soleil s’est couché au sud. De plus recherchant l’autre partie de leur avion les rescapés trouvent une épave et constatent qu’il s’agit de celle d’un autre appareil ( une autre référence à Lost). Qu’est-ce qui provoque l’écrasement des avions survolant cette zone ? Nous n’aurons pas d’explications sur les mystères du monde perdu.
Comme il y a plusieurs scénaristes on peut en conclure que l’un d’entre eux a de bonnes idées et l’autre...beaucoup moins. Ainsi une rescapée confond deux types d’avion. Mais il est curieux qu’une hôtesse de l’air ne sache pas faire la différence entre l’épave de son propre avion et celle d’un avion de chasse de l’US Navy.
Bénéficiant d’un budget limité (très limité) ce film souffre d’un manque de crédibilité en ce qui concerne les effets spéciaux. Aussi le réalisateur s’attarde longuement sur les superbes paysages ou sur les jambes des actrices. En effet les femmes largement absentes de l’aventure dans le roman original (3) ont peu à peu peuplé les adaptations. Ici les personnages féminins sont très nombreuses et assez peu vétues (jupe ou short ultra-court). Mais cela se justifie par la volonté de montrer des blessures handicapantes, de longues séances de marche et une nouvelle blessure à la jambe (gros plan !). Finalement les indigènes tiendront à dévoiler d’autres parties de l’anatomie féminine (qui a dit : "enfin" ?).
Opinions d’un critique quelque peu déçu par ce film
Contre :
– un budget plus conséquent aurait été nécessaire
– un réalisateur plus compétent aurait aussi été nécessaire
Pour :
– une curiosité en ce qui concerne une nouvelle version du Monde Perdu
– quelques bonnes idées malheureusement inexploitées
– des acteurs compétents (entre autres Bruce Boxleitner)
– les superbes paysages et jambes des actrices
Réalisateur : Leigh Scott
Scénaristes : Carlos de Los Rios et David Michael Latt
Production : The Asylium
Editeur : Zylo
Sortie : Aout 2010
Format vidéo : 16/9
Audio : Français (DD 2.0 Stereo)
Durée : 90 minutes
Prix : 14,98 euros
Interprètes :
– Bruce Boxleitner (Challenger)
– Jeff Denton (Ed Malone)
– Rhett Giles ( John Roxton)
– Sarah Lieving (Rita Summerlee)
– Christina Rosenberg (Dana)
– Steve Railsback (Larry)
– Chris Anglin (Olo)
– Amanda Ward (Natalie)
– Boni Yanagisawa (Tianka)
– Andrew Lauer (Steven)
– Thomas Downey (Reggie)
– Amanda Barton (Taylor)
– James Ferris (Yuri)
– Jennifer Lee Wiggins (Etienne)
– Angela Horvath (Chrissy)
(1) la société Asylum ayant produit "King of the lost world" avait également produit "Sir Arthur Conan Doyle’s Sherlock Holmes"
(2) d’après le cycle de Caspak d’Edgar Rice Burroughs
(3) exceptées la tendre épouse du professeur Challenger et la fiancée de Malone demeurées en Grande-Bretagne
Damien Dhondt
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