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Avec Josh Brolin, Megan Fox, John Malkovich, Michael Shannon.
Warner Home Vidéo
Certainement le film le plus maudit de 2010 : carrière commerciale en salles aux States catastrophique (budget de 47 millions de dollars, recettes atteignant tout juste les dix millions), critiques désastreuses, etc... De ce fait, une sortie directe en vidéo chez nous, DVD et Blu-ray. En même temps, une petite impatience à découvrir cette adaptation d’un comics de chez DC, western fantastique oblige vu que c’est assez rare, avec Josh Brolin dans le rôle titre. Bon, il y a Megan Fox aussi mais franchement, depuis qu’on a vu « Jennifer’s body », on s’en fout plus qu’un peu, sauf pour ce qui constitue à ce jour sa meilleure prestation : le clip d’Eminem et Rihanna. Et donc, ça y est, « Jonah Hex » n’est plus un inédit inconnu. Alors oui, on enlève le générique final, le film ne dure qu’une heure douze minutes, c’est une sorte de mélange d’un « Mystère de l’Ouest » croisé avec « Les contes de la crypte », et franchement, il ne mérite pas du tout sa sale réputation : « Jonah Hex » vaut bien plus que d’autres œuvres si surévaluées...
Soldat de l’armée confédérée qu’il finit par déserter, Jonah Hex se voit maudit à vie par le Général Turnbull qui assassine sous ses yeux sa famille, en représailles de la mort de son fils, et qu’il mutile en marquant au fer rouge sa joue. Laissé pour mort, Hex revient à la vie, cicatrise sa brûlure en s’en infligeant une pire et possède le pouvoir de parler aux morts. Quand Turnbull commence à s’attaquer aux intérêts du pays en s’emparant d’armes secrètes pour un dessein des plus noirs qui soit, le président Grant demande à son armée d’appréhender Hex, le seul pouvant traquer, trouver et tuer Turnbull avant qu’il ne déclenche l’enfer sur Terre.
Scénarisé entre autres par les auteurs de « Hyper tension » et surtout de « Pathology » (un inédit chroniqué sur ce même site, à découvrir d’urgence) à savoir Taylor et Neveldine, mis en scène par un ex de chez Pixar passé à la réalisation avec « Horton » (qu’on peut oublier...), ayant survécu aux pires problèmes (Thomas Jane devait incarner Hex avant que l’excellent Josh Brolin ne le remplace, plusieurs réalisateurs tirèrent leur révérence...), « Jonah Hex » finit enfin par se concrétiser. D’un comics relativement connu (un western horrifique avec un ex soldat sudiste défiguré, devenu chasseur de primes et pouvant ressusciter les morts le temps d’une causette, ça ne passe pas inaperçu, ça change comme super-héros !), il en ressort un film qui rappelle l’exécrable « Ghost rider » avec Nicolas Cage (le justicier damné) dans les premières grandes lignes avant de plonger définitivement dans le western avec un début rappelant « Josey Wales hors la loi » » (le massacre de la famille, les rebelles pilleurs-massacreurs sudistes) avant de plonger dans le fantastique d’abord avec le personnage de Hex, parfaitement bien campé par un Josh Brolin s’affirmant définitivement comme un des meilleurs acteurs du moment, ensuite par ses pouvoirs et son ambiance. Là-dessus se greffe une intrigue (trop ?) rapidement mise en place, mais qui pourtant donne ce film, à l’ambiance étrange, mélangeant deux genres pour en extraire un quasiment inédit sauf dans des petites séries B d’antan comme « Ghost town » et ses spectres cow-boys. Mais un scénario maintes fois remanié ne s’en sort jamais indemne, et c’est ce qui se ressent ici, pas au point cependant de faire de « Jonah Hex » le pire film de l’année comme il a été souvent lu un peu partout. Une intrigue plus riche, plus ambitieuse, même réalisée par un profane tel que Jimmy Hayward aurait pu donner un film d’une autre dimension. En l’état actuel des choses, « Jonah Hex » ressemble à une petite série B de luxe, ampoulée par des éléments sans intérêts (Megan Fox, par exemple, dix minutes en tout et pour tout à l’écran dont six ou sept sans intérêt comme cette scène avec son « client » trop entreprenant...), mais bénéficiant quand même de quelques belles séquences, parfois trop vite expédiées où pas assez bien réécrites ; on retiendra donc les entretiens entre Hex et les morts, un hommage à « Django » avec l’utilisation d’une mitrailleuse Gatling, et le final, qui ne fait qu’effleurer la démesure de qu’il aurait pu être. Dans l’ensemble, Hayward s’en tire avec les honneurs, ayant la chance d’être fan du comics à la base. Tout cela donne donc ce « petit » film qui mérite vraiment d’être découvert ne serait-ce que par son traitement chaotique si flagrant qu’il se rajoute à son atmosphère déjà étrange pour donner une œuvre finalement plus surprenante et attachante qu’on ne le pensait. Au diable les défauts dans ce cas-là, d’autres plus parfaits se révélant bien plus mauvais (personnellement, un « Jonah Hex » vaut mille « Dernier maître de l’air », par exemple !). L’édition Blu-ray (comprise dans un ensemble DVD & copie digitale... Une fois de plus, quel intérêt ?) se révèle simplement magnifique pour la copie du film (couleur superbes, et la photo des ambiances nocturnes est parfaitement restituée), bénéficiant en bonus de cinq minutes de scènes inédites dont la meilleure demeure la traversée d’un cimetière, d’un documentaire sur le comics en lui-même et d’un making-of intégré via « Picture In Picture » au film qui montre entre autres bien entendu les effets spéciaux, revenant aussi sur les acteurs avec à un moment donné une analyse de John Malkovich par Josh Brolin assez amusante et si pertinente ! Et ces quelques justes bons compléments rehaussent l’intérêt de ne pas oublier ce « Jonah Hex », certainement pas le film définitif sur ce personnage hors-normes mais ce qui s’avère pour l’instant déjà une bonne série B, et certainement pas cette purge définitive comme tant l’ont jugée si aisément et limite haineusement.
Note film : 7/10
Blu-ray : copie magnifique, format d’origine 2.41, image 16/9ème comp. 4/3 - Bonus (vostf) : 7/10 : fonction « Film dans le Film » - documentaire sur « Jonah Hex », du comics à l’écran - scènes coupées.
St. THIELLEMENT
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