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Scén. : Thomas Dean Donnelly & Joseph Oppenheimer & Sean Hood, d’après le personnage créé par Robert E. Howard
Avec : Jason Momoa, Stephen Lang, Rachel Nichols, Ron Perlman, Rose McGowan.
Distribué par Metropolitan Filmexport
112 mn
Sortie le 17 Août 2011
Note : 2/10
Ok, pour beaucoup, Conan, c’est Arnold Schwarzenegger dans le film de John Milius, qui demeure toujours aujourd’hui une référence, malgré un petit coup de vieux sur certaines scènes, mais dont la puissance du reste, des batailles au personnage incarné par le futur ex-gouverneur de Californie, demeure encore dans toutes les mémoires. Mais au départ, il y a les romans d’un genre baptisé héroic-fantasy, mélange complètement imaginaire d’époques diverses. Et il y a son héros, son icône, Conan, les deux créés par un texan qui rêvait d’être aussi puissant que son personnage, Robert E. Howard. Milius , et son scénariste de l’époque Oliver Stone, ont su capter l’essence de Conan et de son monde. Et ils furent également plus qu’aidés par les remarquables dessins d’un maitre, Frank Frazetta. Aujourd’hui, « Conan » revient au cinéma. Et parce que c’est Marcus Nispel, réalisateur allemand qui signa l’excellent remake de « Massacre à la tronçonneuse » et surtout un bancal mais parfois superbe film proche de l’univers d’Howard avec des vikings luttant contre des Indiens dans « Pathfinder », qu’on se permettait d’attendre cette nouvelle version (et non pas un remake, nuance...) avec une certaine curiosité, et même le secret espoir de voir un film réactualisé sur certains points, mais encore plus violent, et barbare...
Depuis le jour où il fut enlevé par les meurtriers de son père, Conan n’a de cesse de rechercher Khalar Zym, cruel monarque qui, aidé de sa fille sorcière, tente de réunir les morceaux d’une mystérieuse couronne pour devenir l’être le plus puissant qu’il soit. C’est avec l’enlèvement de la jeune et belle Tamara que sa vengeance va enfin pouvoir se réaliser, et qu’en même temps, Conan va prendre conscience que son but ultime est aussi le seul espoir qui reste aux peuples d’échapper aux ténébres promises par Khalar Zym.
Mais qu’est-ce que c’est que ce « Conan », qui se dit respectueux de l’œuvre d’Howard et des dessins de Frazetta (déjà, une affiche qui fait plus « Prince of Persia » que « Conan »...), alors qu’on y voit un enfant complètement psychopathe (Conan, dix-onze ans, décapite ses ennemis, comme ça !) devenir un barbare cool, plaisantin à ses heures, au regard de velours !!! Où sont Howard et Frazetta là-dedans, où est l’innocence de l’enfance transformée en bête de guerre et de barbarie, dont le suel destin est de penser au cauchemar de son enfance, où est le colosse qui peu à peu va se modeler en un impitoyable guerrier barbare, n’ayant peur de rien, tuant dès qu’il sort son épée, côtoyant des guerrières aussi fortes que lui, luttant contre des sorciers ayant des soldats aussi mastocs que Conan, où est l’univers de l’héroic-fantasy telle qu’elle fut imaginée et concrétisée par ces deux artistes avant de prendre extraordinairement vie dans un film où Oliver Stone, John Milius, Basil Poledouris et Arnold Schwarzenegger ont accompli un travail impressionnant et époustouflant pour donner vie à ce monde ? Certainement pas dans cette nouvelle adaptation dont les seules qualités sont quelques plans fulgurants magnifiques (très Frazetta justement), et un acteur qui possède d’indéniables qualités (il joue bien, et physiquement, il impose, il a le look de « l’époque » !!!) mais qui s’avère au final bien trop gentil par rapport à ce qu’est Conan, à savoir un barbare dans sa forme la plus basique ! Le reste tourne autour d’effets spéciaux envahissants et encombrants (les hommes de sable), de séquences sans intérêt (l’attaque du bateau, on cherche encore la raison...), de personnages tels que Tamara, version humaine d’une brindille, qui aligne des armoires à glace d’un coup de couteau ou de sabre qu’elle ne pourrait jamais soulever : on est loin de Valeria, la guerrière du film de Milius, qui tout en étant ce qu’elle est, possédait une certaine féminité qui ne prenait pas le pas sur le reste... Tout cela réalisé et mis en scène dans un fouillis impressionnant par un Marcus Nispel qu’on n’a jamais connu aussi mauvais (« Pathfinder » est un chef-d’œuvre à côté de son « Conan » !!!), totalement incapable de restituer des combats et des batailles digne du genre. Mais le pire reste à venir, et là, on est obligé de comparer avec le film de John Milius : la musique, pure merveille, une des plus belles de l’hisoire des musiques de film, composée par le défunt grand Basil Poledouris, constituait à elle seule un autre personnage de cet univers qui permettait de nous immiscer dans cet univers complètement imaginaire. Ici, la musique est inexistante, neutre, fade. Alors oui, pour quelques raisons, et en mettant de côté les références passées, on attendait ce « Conan ». Aujourd’hui, on peut simplement l’oublier, en attendant que quelqu’un d’autre redonne enfin vie avec autant de force que Milius et Schwarzenegger et Poledouris et Stone l’ont fait il y a maintenant presque trente ans.
St. THIELLEMENT
Vous aurez la joie de trouver un Super dossier sur « Captain Ameria dans le sfmag N° 73 en vente en kiosques en septembre-octobre 2011, avec la chronique du film, des interviews du réalisateur Joe Johnston, des acteurs Chris Evans, Hayley Harwell, Sebastien Stan, Dominic Cooper et du producteur Kevin Feige. Ce numéro est un numéro spécial cinéma avec les chroniques de toutes les sorties de fin d‘été : La planète des singes les origines, Conan 3D, Super 8, Cowboys et envahisseurs et les interviews de deux réalisateurs : John Favreau et JJ Abrams. Ce superbe dossier a été réalisé pour l’essentiel par notre nouvelle collaboratrice Grace Roubidoux, avec la contribution de Marc Sessego et Andrée Cormier.
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