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  Sommaire - Films -  M - R -  Mission : impossible protocole fantôme (Mission : Impossible Ghost Protocol)
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"Mission : impossible protocole fantôme (Mission : Impossible Ghost Protocol)" de Brad Bird

 

Scén. : André Nemec & Josh Appelbaum
Avec : Tom Cruise, Jeremy Renner, Paula patton, Simon Pegg, Michael Nyqvist, Josh Holloway, Léa Seydoux.
Distribué par Paramount Pictures France
133 mn
Sortie le 14 Décembre 2011

9/10

Il y a seize ans, Tom Cruise relançait au cinéma la franchise « Mission : Impossible », dont il avait acquis les droits avec un premier volet signé Brian De Palma. Le résultat était excellent, même si la mythologie de la série en prenait un coup en faisant du leader Jim Phelps un traître. Quatre ans plus tard, Cruise confiait à John Woo une séquelle qui se recentrait sur son personnage avec des figurants en tant que partenaires d’équipe. Qu’importe, l’acteur y trouvait son plus gros succès au box-office (détrôné seulement cinq ans plus tard par « La guerre des mondes »). Et justement, il fut donc un temps où Tom Cruise dominait largement le box-office mondial. Puis vint sa mégalomanie scientologique qui peu à peu gangrénèrent l’image de la star au point que le troisième « Mission : Impossible » confié au producteur J. J. Abrams chuta dans les recettes (sans être un monumental flop non plus, faut pas exagérer !), que la Paramount, studio producteur, se désolidarisa de lui, que ses films suivants confirmèrent la dégringolade (surtout « Lions et agneaux », même s’il n’est pas en soi ne serait-ce qu’un bon film...). Cruise refuse des projets (« Salt » qui échut à Angelina Jolie et qui fit un beau carton), en accepte d’autres (« Knight & Day », comédie d’espionnage plutôt réussie mais qui ne convainc guère son public d’antan...). Ça et le reste font que la carrière de l’acteur part un peu en vrille question millions de dollars. Alors Tom Cruise lance (sans sa partenaire d’antan, Paula Wagner, qui a pris ses cliques et ses claques, ras le bol du gourou !) son dernier atout : un quatrième volet, sans le chiffre 4, de la saga dont il a les droits : « Mission : Impossible, protocole fantôme », et il en confie la réalisation à un des cadors de Pixar, Brad Bird (« Les indestructibles » et « Ratatouille », deux chefs-d’œuvre), et déjà, un signe de changement qui ne trompe pas : sur l’affiche, ils sont quatre, soit une équipe et son leader...
Suite à une mission qui a très mal tourné, la section Mission : Impossible est dissoute officiellement. Officieusement, Ethan Hunt et son équipe doivent empêcher coûte que coûte un dangereux terroriste (Michael Nyvquist, alias Blomkvist dans les « Millenium » suédois, pas le plus charismatique des méchants, mais ça va, il s’en sort bien...) de relancer la guerre froide entre les deux grandes puissances mondiales afin de déclencher une guerre nucléaire.
Un résumé qui donne le ton de ce quatrième opus, complètement fou, spectaculaire, mais aussi avec un peu d’humour, qui reprend donc les bases de la série télévisée pour mieux les remettre à jour, quitte à se jouer de certains clichés (rien n’est infaillible, que ce soit dans les gadgets les plus simples ou dans les techniques les plus avancées). Conscient de l’échec du précédent volet (qui initialement devait être définitivement très noir selon la version que Joe Carnahan devait réaliser avant que Cruise n’en reprenne le contrôle), et de la nécessité de donner un grand coup de balai vis-à-vis du public pour relancer sa franchise, Cruise revient donc aux sources. Finis les membres d’une équipe plus anecdotiques qu’autre chose : ici, chacun (soit Jeremy Renner, vu dans « Démineurs » et « The town », Paula Patton, découverte dans « Déjà vu » face à Denzel Washington, et Simon Pegg vu dans « Shaun of the dead » et « Hot fuzz » : pas mal comme choix...) à une histoire, un passif, et surtout une personnalité. Là-dessus, et après avoir validé un scénario enfin ambitieux (dans le cadre d’un blockbuster pop-corn), il fallait trouver quelqu’un qui sache allier le sens visuel d’une action innovante et surprenante à la gestion de personnages demandant une cohésion et une osmose entre chacun pour finir par former un vrai groupe soudé auquel on puisse croire. Bard Bird avait montré ces qualités via ses héros des « Indestructibles ». Et on trouve entre ce dernier et « Mission : Impossible, protocole fantôme » quelques analogies qui montrent que le choix est excellent (des agents désavoués qui se reforment dans l’ombre pour sauver le monde). En plus, il signe certaines des meilleures séquences de toute la série (comme la poursuite dans la tempête de sable, le building de Dubaï) qui sont en plus typiquement de notre époque, tout en étant incluses dans un film qui fait très film d’espionnage des années 70. Enfin, pour clore un ensemble déjà excellent, le film se permet même de se rattacher aux précédents, et surtout au troisième, en utilisant les erreurs du passé (du scénario tout bancal du troisième) afin de mieux les redéfinir aujourd’hui pour la cohésion de l’ensemble. Et au final, franchement, la conclusion est là, implacable, définitive : « Mission : Impossible, protocole fantôme » redore le blason d’un Tom Cruise qui, à l’aube de ses cinquante ans, relance avec panache sa carrière, mais surtout il s’avère être le meilleur film de la série, et ça, c’est simplement génial.

St. THIELLEMENT

L’interview de Jeremy Renner dans sfmag No 75 parution janvier/février/mars 2012



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