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  Sommaire - Films -  A - F -  EVA (Id.)
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"EVA (Id.)" de Kike Maillo

 

Scénario : Sergi Belbel, Cristina Clemente, Marti Roca, Aintza Serra
Avec : Daniel Brühl, Marta Etura, Claudia Vega, Lluis Homar.
Distribué par Wild Bunch Distribution
94 mn
Sortie le 21 Mars 2012
Note : 9/10.

Depuis plus d’une décennie maintenant, en fait depuis l’arrivée de Jaume Balaguero et de sa « Secte sans nom », l’Espagne a fait un énorme bond en avant dans le Fantastique, avec une pléiade de films d’épouvante ou d’horreur qui compte aujourd’hui parmi les fleurons du genre. Mais comme tout, le filon se tarit peu à peu et dernièrement, les films ibériques (à part ceux de Jaume Balaguero, parce que lorsqu’on voit la bombe qu’est son « Malveillance »...) perdent de leur prestance et on a droit à bon nombre de toutes petites œuvres sans âme, voir pire... Mais le creuset de talents recèle encore des surprises, comme Kike Maillo qui bluffe tout le monde avec « Eva », une histoire toute simple de science-fiction, aux effets spéciaux étonnants (pour une telle production, s’entend...), originale, émouvante et qui fait du premier long-métrage de ce petit nouveau une incontestable réussite, ce que n’a pas compris le jury 2012 du Festival de Gerardmer...
En 2041, les robots font partie du quotidien. Mais une certaine étape n’a pas encore été franchie, celle des robots libres. C’est pour cela qu’Alex, jeune prodige de la meilleure Faculté de Robotique, est rappelé pour relancer le projet. Il retrouve sur place un ancien amour de jeunesse, Lana qui vit avec son frère David. Ils ont une petite fille, Eva, pour laquelle Alex se prend d’amitié. Peu à peu, Alex qui cherche justement un modèle pour son projet, jette son dévolu sur Eva alors que leur relation évolue. Et malgré l’avis de Lana, Alex va donc utiliser sa fille pour créer son prototype. Sans se douter un seul instant qu’à vouloir créer l’androïde qui soit l’égal de l’humain quant aux sentiments, il peut y perdre plus qu’il ne le pensait...
Dès les premières images, on est happé dans un contexte étonnant qui peut désarçonner : une ville enneigée ou humains et droïdes animaliers se côtoient, un futur éloigné mais en même temps proche de nous (la musique est la même qu’aujourd’hui, on écoute toujours David Bowie...), et surtout une étonnante vision de la robotique de ces créatures. On est loin du futur à la « I, robot », on serait plus proche d’une science-fiction « réaliste » où les créatures seraient issues de vieux croquis d’il y a un ou deux siècles avec un mélange de mécanique et de bois, des sortes de pantins combinés à de pures créatures robotisées. Une fois ce postulat accepté, on passe à Alex (excellent Daniel Brühl), ce génie du domaine, et de sa relation avec Eva (remarquablement incarnée par Claudia Vega, dont c’est le premier film !) , qui va lui servir de modèle pour donner vie au premier robot libre, capable de penser et d’agir par ses propres réflexions. Et là, « Eva » bifurque alors vers une émotion pure et inédite, celle qu’on arrive à faire naitre de l’inanimé. Et même si on devine aisément l’issue du film, les secrets des uns et des autres, peu importe. Kike Maillo et ses scénaristes nous manipulent tellement bien qu’on se retrouve pris au piège de notions purement humaines qui vont amener le film vers une dimension autre, comme celle d’un « Blade runner » qui transcendait son propos de pure science-fiction, ceci toutes proportions gardées bien entendu, et chaque film étant pris dans ses contextes tant de production que d’écriture et autres. Il manque peut-être à « Eva » une toute petite touche qui aurait fait gagner en force son message et ses émotions. Mais en l’état, Kike Maillo livre une œuvre touchante et bouleversante, surprenante et intelligente, élégante et soignée. Tout comme ses robots, « Eva » s’approche de la perfection, sans l’atteindre définitivement. C’est peut-être aussi un gage de qualité, car ça reste typiquement... Humain.

St. THIELLEMENT



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