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– Mais enfin, ...ça ne peut pas se perdre le Nord !
– Bof, on arrive bien à perdre du temps, alors pourquoi pas le Nord ?
La mission d’exploration du comte de la Pérue, explorateur royal de Son Altesse Irénée le magnanime, roi de Ponduche, vient de s’achever de manière assez curieuse. Après des années d’errance sur les mers il est revenu à son point de départ alors qu’il avait suivi le même cap.
L’explication est simple : en son absence le Nord a disparu. Ceci complique les voyages maritimes. Le comte de la Pérue a tout le temps de songer à cela dans sa cellule. Il ne s’agit pas de l’échec de son expédition, mais d’une offense envers la personne du roi (improprement surnommé "le magnanime"). En effet le peintre de l’expédition a reconnu dans la fiancée de Son Altesse celle qui lui avait brisé le coeur. Et le comte de la Pérue a commis l’erreur de confirmer que cette personne était une voleuse de petite vertu... bref pendant qu’on vérifie l’état du trésor royal, le peintre et le comte ne peuvent que constater la rusticité des geôles royales.
L’astuce des auteurs a consisté à situer l’action dans un monde quelque peu loufoque selon nos critères. Ainsi un savant explore le fond de la Mer Fugueuse qui passe son temps à disparaître, tout en déplorant que le savoir universel ait été sacrifié par les amateurs de pédalo.
Mais l’irrationnel comme la disparition du Nord se manifeste et perturbe l’organisation de ce monde cohérent (selon les critères locaux).
L’intrigue implique un basculement régulier entre rationnel et irrationnel.
Ainsi la fiancée suspecte de vol et accusée de crime de lèse-magesté passe en jugement devant un juge bicéphale. Contrairement à ce qu’on pourrait attendre le verdict n’est pas absurde. Comme le précise le/les représentants de la justice royale :
– Notre Code pénal ne prévoit rien quant aux dommages que pourraient occasionner des comportements lascifs, des formes girondes et des oeillades suggestives sur le muscle cardiaque de Sa Majesté. En d’autres termes, il n’est pas illégal de vous briser le coeur, sire.
Logique, n’est-ce pas ?
Damien Dhondt
Scénario : Wilfrid lupano, Dessin : Jean-Baptiste Andréae _ Azimut tome 1 : Les Aventuriers du temps perdu _ Edition Vents d’Ouest _ mai 2012 _ Inédit, grand format, 48 pages couleurs _ 13,90 euros
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